Histoire du vin : Moyen Age Mythes et religions

Le vin dans la liturgie chrétienne au Moyen Âge

Peu de temps avant son arrestation et sa mort, Jésus réunit ses apôtres autour d'une table garnie de pain et de vin. Il leur annonce que la nouvelle alliance entre Dieu et ses fidèles sera scellée par le sacrifice de son propre corps et par son sang versé. « Prenez et buvez », dit-il avant de faire passer entre eux la coupe de vin, « car ceci est mon sang, répandu pour le pardon de tous les péchés. » Depuis ce jour, la Cène est rejouée dans chaque célébration de l'Eucharistie et, selon le principe mystérieux de la transsubstantiation, le vin devient alors le sang du Christ. C'est le concile de Trente qui a fixé et officialisé le dogme de la transsubstantiation, en 1542, en réponse au rejet du caractère sacrificiel de la messe à l'origine de la Réforme protestante.

Dans les premiers temps du christianisme, la messe était célébrée la nuit et le repas constituait une répétition de la Cène. Avec l'augmentation des fidèles, la cérémonie se tint le jour. Sous Charlemagne (768-814), les fidèles apportaient au prêtre leur vin et leur pain pour qu'il les consacre. La communion s'effectuait à travers ces deux éléments : le pain et le vin.

Aux XIIe-XIIIe siècles, seul le prêtre a droit au vin de messe. Il semble qu'alors ce vin était rouge (il est blanc de nos jours), en référence à la couleur du sang du fils de Dieu mais aussi pour qu'il soit impossible de le confondre avec de l'eau. Pourtant symbole de pureté, l'eau est en effet rejetée de la liturgie depuis que les Aquariens ont été déclarés hérétiques au IIIe siècle pour avoir substitué de l'eau au vin dans le sacrement de l'Eucharistie.

Le raisin à l'origine du vin de messe doit avoir été écrasé avec force (le martyre des raisins est analogue à celui du Christ, comme le raconte l'histoire du « Pressoir mystique »), par pressage, et non au mortier, ce qui exclut le verjus. Ni le moût, ni le vin cuit, ni le vin mélangé ne doivent être utilisés pour ce sacrement.

L’allégorie du « Pressoir mystique »

Au Moyen Âge et jusqu'au XVIe siècle, la fermentation du vin était considérée comme un processus de transformation au cours duquel le pur se séparait de l'impur et le subtil de l'épais. Cette conception était en relation avec la symbolique chrétienne de l'Eucharistie, sacrifice du corps et du sang du Christ représentés par le pain et le vin, qui deviennent source de vie éternelle et de rédemption pour le croyant qui reçoit la communion.

Le thème du Pressoir mystique apparaît dans la peinture, la miniature ou le vitrail au XVe siècle, une époque où la notion de sacrifice prend une place majeure dans la dévotion chrétienne. Il s'inspire d'un verset du prophète Isaïe (63, 3) et de l'épisode biblique de la Grappe miraculeuse de Canaan, dans lequel les émissaires que Moïse a envoyés en exploration rapportent une grappe de raisin si lourde qu'ils doivent se mettre à deux pour la porter à l'aide d'une perche (Nb, 13). Le corps du Christ est représenté tantôt allongé sous la roue d'un pressoir, tantôt debout foulant les raisins, son sang se mêlant au jus. Cette image s'est répandue surtout en France et dans les pays du nord de l'Europe jusqu'au XVIIe siècle.