De la Préhistoire à nos jours, l’Homme a toujours entretenu avec l’animal une relation étroite et complexe. L’archéozoologie s’intéresse aux nombreux aspects de cette relation : art de la chasse, domestication, pastoralisme, goûts alimentaires, etc.
En complément d’autres sciences de l’environnement, elle fournit des informations concrètes sur les rythmes d’occupation d’un site, l’évolution des paysages et l’impact écologique de l’homme sur son milieu. Le grand nombre d’espèces étudié explique la création de plusieurs spécialités autour des différentes classes d’animaux (mammifères, oiseaux, poissons, etc.). Les méthodes de travail sont issues de disciplines proches comme la zoologie, la paléontologie et la médecine vétérinaire.
Des restes animaux sont souvent retrouvés lors de fouilles archéologiques. Les matériaux les plus résistants au temps sont l’os, le bois de cervidés, l’ivoire et l’émail dentaires, les formations calcaires (coquilles et opercules de mollusques). Dans des contextes propices à une bonne conservation, on peut retrouver des restes plus fragiles : excréments fossiles, parasites, élytres d’insectes, écailles de poisson, coquilles d’oeuf, pelages et plumes.
Si ces restes animaux résultent parfois de dépôts naturels – reliquats de repas de prédateurs ou mort naturelle sur le site – ils sont le plus souvent issus des activités humaines comme la chasse, la pêche, l’élevage, l’alimentation, l’artisanat ou le culte.
© Myr Muratet, Inrap
Lors de la fouille, l’archéozoologue trouve et prélève des squelettes complets d’animaux inhumés, des quartiers d’animaux donnés en offrande, des concentrations de restes mélangés (amas, dépotoirs) ou encore, des fragments isolés en contexte d’habitat. En laboratoire, il procède au tri et à l’analyse de ses prélèvements ou de ceux que l’archéologue lui a remis dans des sacs étiquetés.
Ses principaux outils de travail sont : une collection de référence constituée de spécimens animaux actuels ou fossiles lui servant de point de comparaison, des planches anatomiques, un pied à coulisse et un ordinateur.
Laboratoire d’archéozoologie, CEPAM-UMR 7264. Ossements du site de La Veuve (Marne), diagnostic Inrap 2014, en cours d’étude.
© Hamid Azmoun, Inrap
Par comparaison avec des spécimens de référence, l’archéozoologue identifie des espèces et des parties anatomiques. Il décompte le nombre de restes, d’individus et estime la quantité de viande consommée. La prise de mesure des os longs lui permet de reconstituer une « taille au garrot ». Il peut déterminer le sexe en observant la taille, la corpulence ou des particularités anatomiques (os pénien du chien, ergot du coq...). L’âge de l’animal est identifié à partir du squelette, de la dentition ou des cernes de croissance (otolithes de poisson, coquilles).
Les traces laissées par l’Homme – brûlure, découpe, sciage, polissage – et celles dues à des traumatismes, des maladies, des altérations chimiques ou la consommation par d’autres animaux sont recensées.
Ostéothèque - Laboratoire d’archéozoologie, CEPAM-UMR 7264. Crânes de l’ostéothèque.
© Hamid Azmoun, Inrap
La détermination du sexe et des âges d’abattage permet de comprendre les finalités d’un élevage : alimentation, industrie textile, labour, transport, etc. L’observation des traces permet de reconstituer les gestes de l’homme : techniques de boucherie, préparation culinaire, procédés de conservation, travail de l’artisan.
Les pathologies observées traduisent les efforts fournis par les animaux mais aussi leurs conditions de vie ; l’analyse des déjections et des parasites, donne également une bonne idée du niveau de santé. L’étude des tailles et des morphologies permet de mettre en évidence des processus de domestication ou de comparer des cheptels. La détermination des âges des espèces sauvages donne des informations sur la saisonnalité des activités de chasse, pêche et collecte.
Vase zoomorphe d'Aubevoye (Eure), 4800 avant notre ère, 2003.
Cette représentation de taureau est exceptionnelle dans la culture néolithique du Rubané occidental.
© Hervé Paitier, Inrap
L’animal est source d’inspiration comme en témoignent les peintures rupestres, les représentations et les objets zoomorphes. Il est aussi source de matière première : os, ivoire, bois de cerf, coquilles, fourrures, peaux, tendons et plumes. L’animal, de son vivant, peut lui-même faire l’objet de modification d’ordre esthétique. Parfois vénéré, compagnon ou objet de tabous, il est souvent impliqué dans des pratiques rituelles ou religieuses : sacrifices, dépôts funéraires, porte-bonheur, etc.
Le contexte de la découverte, les vestiges archéologiques associés, les sources écrites, l’iconographie sont autant d’éléments qui peuvent renseigner l’archéozoologue sur le statut des animaux.
Les sciences de l'archéologie : Ginette Auxiette, archéozoologue
L’archéozoologue étudie les relations entre l’homme et l’animal dans le passé par l’analyse des restes fauniques retrouvés en contexte archéologique. À partir de ces restes, il identifie les modes d’appropriation (chasse, collecte, pêche, élevage), le nombre et le type d’espèces (spectre faunique) et la composition des populations animales (sexe, âge, taille). L’observation des pathologies apporte de précieuses informations sur les conditions de vie des individus exploités (maladies, traumatismes). L’analyse des traces anthropiques permet de reconstituer les modes d’utilisation de l’animal mort (alimentation, artisanat, rituels, etc.).
© Inrap - Schuch Conseils et Productions - 2008
Les experts de l'archéologie : l'archéozoologue
© Inrap - Arte - Petite ceinture - 2010