La topographie

La topographie permet de représenter le terrain à toutes les étapes du chantier et d’associer sur un plan l’ensemble des résultats d’une opération. En amont d’un chantier, le topographe recherche la documentation graphique se rapportant à celui-ci : cartes et plans anciens, photographies aériennes, anciennes opérations archéologiques. Puis, il effectue les levés topographiques avec une station totale (tachéomètre) ou un GPS.

Les plans produits sont utilisés pour représenter le site dans son environnement (quartier, ville) et, associés aux données archéologiques, apportent un nouvel éclairage aux découvertes. La topographie appliquée à l’archéologie s’ouvre vers d’autres disciplines, telles que la géomatique, la cartographie, la photogrammétrie.

Levé topographique avec une station totale. Rennes (Ille-et-Vilaine), 2012. © Hervé Patier, Inrap

Enregistrer la position des vestiges

Les sites archéologiques découverts en amont de projets d’aménagement du territoire sont voués à disparaître. Il est donc primordial d’observer et d’enregistrer toutes les découvertes faites sur le terrain afin d’en garder la trace.

Des levés topographiques (enregistrement de la position des vestiges dans l’espace) sont effectués tout au long des diagnostics et des fouilles (les deux étapes de l’archéologie préventive sur le terrain) pour réaliser des plans précis. Ces plans informent sur la localisation, les dimensions, l’orientation et les altitudes des vestiges découverts. Ils sont régulièrement mis à jour durant le chantier afin d’aider l’archéologue dans ses décisions.

Des disciplines complémentaires

La photogrammétrie permet d’obtenir l’image d’un objet en trois dimensions, grâce à une succession de calculs et de clichés pris depuis différents angles de vue. Cette technique permet de représenter rapidement en 3D les découvertes : céramiques, sols, bâtiments…

Corrélé avec un levé topographique, les modèles en 3D peuvent être intégrés au plan de fouille. La géomatique regroupe les outils et méthodes informatiques liés à l’acquisition, la représentation et l’analyse de données géographiques. En archéologie, chaque structure est associée à des informations (mobilier retrouvé, chronologie…) que l’on peut cartographier. Des plans chronologiques ou des plans de répartition du mobilier peuvent être utilisés par l’archéologue dans ses conclusions.

Levé topographique au GPS différentiel. Bord (Nord), 2013

Levé topographique au GPS différentiel. Bord (Nord), 2013.

Sur le terrain, les relevés topographiques

En collaboration avec l’archéologue, le topographe utilise une station totale pour enregistrer des angles, des distances, le type de vestiges (fossé, murs…) et numéroter chacun de ces derniers. Lors d’un diagnostic archéologique, le levé topographique s’effectue avec un GPS différentiel qui permet de localiser les vestiges à partir de satellites.

Le métier du topographe évolue au rythme des avancées technologiques, son intervention sur le terrain aussi. Aujourd’hui, il peut prendre en charge le « redressement » de photos numériques, afin de leur donner la précision d’un plan, sans les déformations dues à la perspective. Il peut aussi utiliser un scanner laser, ou la photogrammétrie, pour obtenir l’« image » 3D d’une surface ou d’un volume.

Calcul et dessin automatisé et plan de fouille interprété

À gauche, calcul et dessin automatisé ; à droite plan de fouille issu de l’interprétation des données. Sauchy-Lestrée, (Pas-de-Calais), 2012.

La transposition graphique des relevés

Les mesures des levés sont transférées vers un logiciel qui les traite et permet de dessiner le plan du chantier. En quelques minutes, on visualise l’ensemble des points relevés qui forment les contours des structures archéologiques et complètent les enregistrements des jours précédents. Le plan est actualisé après chaque passage du topographe pour suivre l’évolution du chantier.

Le topographe s’attache à produire des plans géoréférencés. Il intègre les données dans un système d’information géographique (SIG). Ces logiciels stockent, gèrent, représentent et permettent de manipuler des informations localisées géographiquement. Les informations archéologiques peuvent alors être confrontées aux sites voisins et venir compléter les connaissances d’un secteur géographique.

Vue aérienne de la villa de la Guyomerais (Ier-IIe siècle).

A gauche, vue aérienne de la villa de la Guyomerais (Ier-IIe siècle). Noyal-Chatillon-sur-Seiche (Ille-et-Vilaine) 2012. © J. Basset-Fly, Inrap
A droite : plan synthétisé de la villa de Guyomerais © Mathilde Dupré, Inrap

Apport de la topographie à l’archéologue

Les plans du site sont au cœur de la recherche scientifique menée par l’archéologue. Pendant les fouilles, et les diagnostics de dimensions importantes, ils lui permettent de visualiser le chantier dans son ensemble, mais aussi de mesurer l’avancée du travail.

Avoir des plans actualisés permet d’améliorer l’approche du site et de réajuster en conséquence les moyens logistiques et scientifiques. En plus des vestiges, les aménagements ou perturbations récents du terrain sont également enregistrés (puits, fondations récentes, éboulis, traces d’anciennes guerres). Ces données sont utiles pour expliquer l’état de conservation des éléments archéologiques étudiés. Ensuite, les plans peuvent servir de base à d’autres fouilles dans le même secteur et aider lors des prochaines interventions.

Numérotation du mobilier archéologique. Rue HenriFarman, Paris, 2008

Numérotation du mobilier archéologique. Rue HenriFarman, Paris, 2008.

Vidéos

Les sciences de l'archéologie : Frédéric Audouit, topographe

La topographie est une technique de prises de mesures, dans les trois dimensions, qui permet la représentation en plan des formes visibles sur le terrain, notamment le relief. Le topographe accompagne l’archéologue dans ses recherches en établissant le plan du site et des découvertes (murs, fossés, fosses, objets…), afin de restituer la position exacte des vestiges dans l’espace et les uns par rapport aux autres. Ainsi leur report sur les cartes (géologiques, pédologiques…) et les cadastres anciens ou actuels permet de les envisager dans un contexte plus général. Frédéric Audouit nous raconte sa vocation de topographe, sa démarche d’analyse et ses résultats scientifiques.

© Inrap - Schuch Conseils et Productions - 2009

Les experts de l'archéologie : le topographe

© Inrap - Arte - Petite ceinture - 2010