Quels critères pour déterminer les époques ?

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Les « dîners Mortillet », rencontres périodiques, scientifiques et mondaines en l’honneur du préhistorien, se sont déroulés jusqu’après la Seconde Guerre mondiale. La gravure composée à l’occasion de celui de 1906 habille dans un dolmen le système de classification préhistorique cher à Mortillet, avec les outils représentatifs de chaque période.

Longtemps, les peuples anciens ne furent connus que par les sources écrites, comme le récit biblique ou les chroniques des auteurs grecs et romains. La Guerre des Gaules de Jules César en est un bon exemple. Riche d’informations sur les tribus barbares du monde celte, ce texte nous livre les noms de leurs souverains et de leurs villes, et nous renseigne parfois aussi sur leurs coutumes.
Avec l’essor de l’antiquarianisme, les recherches historiques s’élargissent vers de nouvelles sources de connaissances, incluant ainsi les productions et les monuments caractéristiques de ces peuples.
Pour ce qui concerne la Préhistoire, les tenants de l’approche naturaliste ont établi une périodisation sur la base de la faune caractéristique : ce sont l’âge de l’Ours des cavernes, l’âge du Mammouth et du Rhinocéros laineux, l’âge du Renne et l’âge de l’Aurochs, que le paléontologue Eduard Lartet propose en 1861 pour l’ère quaternaire. Rapidement, les artefacts eux-mêmes, et notamment les silex taillés façonnés par de main d’homme, prendront ce rôle. Gabriel de Mortillet, conservateur au musée des Antiquités nationales explique en 1872 : « En archéologie n’est-ce pas toujours par les produits industriels qu’on détermine les époques ? L’époque étrusque, l’époque grecque, l’époque romaine, l’époque mérovingienne, le Moyen Âge, la Renaissance ne sont-ils pas caractérisés et sans contestation par leurs produits divers ? Du reste, que cherchons-nous ? Nous cherchons à retracer les diverses phases du développement et de l’histoire de l’homme. N’est-il pas alors plus naturel de caractériser ces phases par les œuvres de l’homme lui-même que par des faits extérieurs ? ».
Ces marqueurs ou « types fossiles » s’intègrent à l’évolutionnisme en vigueur durant les dernières décennies du XIXe siècle. Décrits, comparés et mis en série, ils servent à démontrer le progrès inexorable et partout similaire de la culture humaine, passant du simple au complexe, du primitif au civilisé, du préhistorique au moderne.