Six nécropoles périurbaines

Durant l’Antiquité, les nécropoles sont toujours situées à l’extérieur de la ville antique, généralement le long des axes principaux. Poitiers n’en compte pas moins de six, fouillées pour la plupart dès le XIXe siècle.

La nécropole de Blossac-Saint Hilaire (site 3), qui borde la voie de  Saintes, est probablement la plus étendue. Viennent ensuite, par ordre décroissant, celles des Dunes (site 30), sur la route de Bourges, de la Chauvine (site 23), sur la route de Limoges, de l’Hôpital des Champs (site 16), sur la route de Tours, de la Chauvinerie (site 2) et de la Porte de Paris (site 5), sur la route de Nantes, et enfin celle des Caillons (site 29), tout près de la ville, le long d’un axe secondaire qui rejoignait probablement le sanctuaire de la ZAC Saint-Éloi (site hors carte).

Aux Caillons, un enclos funéraire de 63 m2 est construit au tout début du IVe siècle au milieu d’une nécropole comptant déjà plus d’une cinquantaine de tombes de la fin du IIIe siècle. Il recoupe certaines d’entre elles. Une grande fosse quadrangulaire au centre de l’enclos abritait probablement le sarcophage de son propriétaire. Toutefois, la seule sépulture retrouvée à l’intérieur de la construction fut celle d’un petit singe à longue queue. Un petit autel à libation taillé dans un fragment de colonne ainsi que plusieurs foyers témoignent de rituels funéraires qui pouvaient se dérouler à l’intérieur de cet enclos.

Les enfants décédés en bas âge figurent rarement dans ces nécropoles, car il était courant de les enterrer au plus près de la maison : contre un mur, près du seuil, dans la cave.

 

La nécropole des Dunes (site 30)

La nécropole des Dunes est la mieux connue. Elle se développe sur 375 m de long en bordure de la rue de la Pierre Levée (site 31), qui reprend le tracé supposé de la voie reliant Limonum à Avaricum (Bourges). Elle a une largeur moyenne de 30 m, mais semble s’élargir jusqu’à 90 m sur sa moitié occidentale. Son extrémité orientale semble correspondre à l’emplacement du dolmen de la Pierre Levée.

Reprenant une partie de la zone fouillée au XIXe siècle, une opération archéologique réalisée en 2007-2008 a permis de mieux cerner son histoire. Avant son usage funéraire, l’espace a fait l’objet d’un vaste aménagement en terrasse, qui a supprimé une voirie du Ier siècle. La nécropole est mise en place dans la seconde moitié du IIe siècle et les premières tombes sont alors presque exclusivement des incinérations. Dans la seconde moitié du IIIe siècle, un ensemble d’inhumations apparaît autour d’un enclos funéraire. Des mausolées et d’autres enclos sont ensuite construits le long de la voie de Bourges à la fin du IIIe siècle. La nécropole est abandonnée au début du IVe siècle, ses monuments sont en grande partie démantelés et récupérés pour servir à d’autres constructions, comme celle du rempart du Bas-Empire.

Sur la partie occidentale, un édifice daté du haut Moyen Âge (Ve-Xe siècles) et possédant une chambre funéraire souterraine, l’hypogée des Dunes, indique que la nécropole a probablement été pour partie réutilisée. Il est entouré par plusieurs sépultures en sarcophages.