Un site haut perché
Le site de Poitiers est une vaste éminence rocheuse culminant à 120 m d’altitude et délimitée par les vallées de la Boivre et du Clain, qu’elle domine d’une cinquantaine de mètres. Cet éperon rocheux en forme de spatule est relié au plateau par une zone étroite.
Sur ce plan topographique, les courbes de niveau mettent en évidence la partie centrale du promontoire de l’ancien Poitiers, culminant à 120 m d’altitude, et les déclivités plus ou moins importantes qui l’entourent et aboutissent, 45 m plus bas, aux deux rivières : le Clain (à l’est et au sud) et la Boivre (du sud-est au nord). Le cours des deux rivières est donné pour la période actuelle, avec les aménagements médiévaux et modernes (biefs de moulins, canaux), et indique les parties aériennes (en trait plein) et les parties enterrées (en tireté).
© Frédéric Gerber, Inrap.
La Boivre
La Boivre et le Clain, les deux rivières qui encadrent le promontoire de Poitiers, ont totalement changé d’aspect depuis l’Antiquité.
Canalisée et enterrée, la Boivre n’est pour ainsi dire plus visible de nos jours. Il est probable qu’elle ait été navigable, au moins une partie de l’année, pour des petites embarcations fluviales à fond plat. Elle reliait ainsi Poitiers à son arrière-pays sur quelques kilomètres.
Jusqu’à la période moderne, sa vallée était marquée par une zone marécageuse.
Le Clain
En naviguant sur le Clain, on rejoignait autrefois rapidement la Vienne et, de là, la Loire.
Le Clain de l’époque gallo-romaine devait être assez sale. Outre le fait que les égouts qui parcouraient la ville s’y déversaient, il accueillait sur ses rives les activités artisanales polluantes de boucherie, tannerie et foulonnerie (foulage de la laine utilisant l’urine comme principal solvant).
Puis sa canalisation ainsi que la construction de biefs et de retenues pour les moulins à partir des XIIIe-XIVe siècles ont réduit sa largeur et entraîné un rehaussement d’un mètre au moins de son niveau moyen. Des zones qui n’étaient pas inondables dans l’Antiquité le sont ainsi devenues.
Une position stratégique facile à protéger
L’astronome et géographe Ptolémée indique au IIe siècle que les deux villes principales des Pictons sont Limonum (Poitiers) et Ratiatum (Rezé près de Nantes), ville portuaire antique sur la Loire.
De fait, la ville de Poitiers, assise sur son promontoire, domine le Seuil du Poitou, couloir obligé des relations entre le Nord et le Midi, point de contact entre le Centre et la côte. Le méandre très marqué que forment les vallées du Clain et de la Boivre limite son accès terrestre à la bande située au sud, dont la largeur n’excède pas 500 m.
Le Clain de nos jours est beaucoup moins large que dans l’Antiquité. La construction de nombreux aménagements sur son cours a entraîné son ensablement ; la rivière offre ainsi un tirant d’eau moins important, rendant la navigation quasiment impossible.
© Camille Gorin, Inrap/Université de Poitiers.