Une fouille préventive capitale

En 2008, une équipe de préhistoriens a exhumé, dans le 15e arrondissement, les traces ténues des derniers chasseurs-cueilleurs de la Préhistoire, sur l’emprise d’un futur centre de tri de collectes sélectives, rue Henry-Farman. Il s'agit d'une découverte majeure car les sites du Mésolithique (9600-5200 avant notre ère) sont rares en Île-de-France. À Paris, c’est la première fois qu’une halte de chasseurs-cueilleurs est mise au jour et fouillée dans son ensemble.

Les bords de Seine : un environnement favorable à l’implantation et à la conservation

Le site découvert rue Henry-Farman, au sud-ouest de Paris, est implanté dans la plaine alluviale de la Seine, en rive gauche et à environ 250 m du lit actuel. Les différents niveaux archéologiques ont été recouverts par des alluvions qui ont contribué à leur bonne conservation. Un suivi géomorphologique a été assuré afin de reconstituer l’évolution paléoenvironnementale de cette portion de la vallée de la Seine, entre la fin de la dernière glaciation et le début, il y a 10 000 ans, de l’actuel interglaciaire (Holocène).

Niveau d’occupation mésolithique (8200-7500 avant notre ère) en cours de fou

Niveau d’occupation mésolithique (8200-7500 avant notre ère) en cours de fouille. L'absence de structure d'habitat (trou de poteau, calage, foyer aménagé), ainsi que la faible densité de pièces pour certaines unités, plaident en faveur d'occupations de courte durée (quelques jours).

Il y a 9 000 ans sur les bords de Seine : des haltes de chasseurs-cueilleurs nomades

L’occupation mésolithique a livré six concentrations de vestiges, d’environ 80 à 100 m2 chacune nommées locus. Ces concentrations, matérialisées par la présence conjointe de silex taillés et de fragments d’os d’animaux épars, ont pu fonctionner au même moment et former ainsi un véritable campement, ou bien se succéder dans le temps. La typologie des armatures en silex permet de rapporter ces occupations à la phase moyenne du Mésolithique, soit entre 8000 et 6500 avant notre ère. La plupart des silex taillés, débités à partir de galets collectés in situ, correspondent à des déchets de fabrication d’armatures de flèches microlithiques. C’est en effet au Mésolithique que s’intensifie l’utilisation de l’arc, plus adapté à l’exploitation d’un milieu forestier qui se développe dès les débuts de l’Holocène. Parallèlement, d’autres outils sont le témoin d’activités liées au traitement du gibier (grattage des peaux, boucherie).

Des vestiges mésolithiques particuliers

D’autres vestiges archéologiques se distinguent : des outils prismatiques – de section triangulaire ou trapézoïdale – en grès quartzite, des fragments de plaquette polie en grès et du grès rainuré. La fonction de ces vestiges peu fréquents demeure encore inconnue. Une industrie osseuse, représentée par deux pointes en os et un bois de cerf biseauté, est également attestée dans différents locus. Enfin, des fragments d’os humain (mandibule et fémur) ont été mis au jour dans un locus mésolithique, au sein d’une zone de rejet de restes de faune. L’occupation mésolithique, comparée aux autres données existantes pour le nord de la France dans un contexte comparable, a su participer à une meilleure connaissance socio-économique et culturelle des groupes humains du bassin de Paris et du nord-ouest de l'Europe.