S'équiper

À travers les nombreux objets mis au jour par les fouilles archéologiques, on peut lire la volonté farouche des naufragés de survivre à leur séjour forcé sur l’île de Tromelin.

L’exploitation de l’épave

Beaucoup des objets de la vie courante sont en métal et issus de l’épave de l’Utile, tant il est vrai que le fer est très abondant sur un navire en bois, notamment les innombrables clous de charpente de toute taille. Si certains objets sont utilisés tels quels (par exemple, des hameçons, une pointe de harpon, un trépied, une lame de couteau), beaucoup sont détournés de leur usage initial : un galet de lest devient un affûtoir, les gros clous servent de marteau, tisonnier ou pic, voire d’emporte-pièce pour percer le cuivre. D’autres ustensiles sont fabriqués avec une grande ingéniosité par les Malgaches à partir des éléments récupérés de l’épave ou de l’environnement.

Cuivre et plomb

Cuivre et plomb

Ces pics en cuivre évoquent les pointes-démêloirs utilisées à Madagascar pour la coiffure.

Les naufragés démontrent leur remarquable savoir-faire technique dans la réalisation d’ustensiles en cuivre et en plomb, celui-ci étant omniprésent dans un navire tel que l’Utile. La découverte de coulures de plomb confirme le recours à la fonte par les naufragés, notamment pour fabriquer des bassines. De nombreux autres récipients sont fabriqués en cuivre. Des cuillères, également en cuivre, ont été façonnées sur place, comme le prouve la découverte de différents éléments de la chaîne opératoire ; quinze d’entre elles ont été découvertes soigneusement rangées dans un des bâtiments. Des pics triangulaires très allongés retrouvés avec les cuillères servaient peut-être de fourchettes simplifiées ou bien de pointes démêloirs pour la coiffure, montrant que les préoccupations des rescapés allaient au-delà des questions de survie.

Faire durer

Faire durer

Récipient en cuivre façonné puis réparé par les naufragés.

Entretenir les ustensiles pour les faire durer le plus longtemps possible demeure une importante préoccupation des naufragés et illustre leur volonté de lutter sans relâche. Certains récipients présentent maintes réparations effectuées au moyen de plaques rivées.

L’exploitation du milieu

Le milieu naturel a sans doute aussi été exploité par les naufragés pour réaliser des objets de la vie courante. Cependant, nombre d’entre eux ne se sont pas conservés et n’ont donc pas été retrouvés par les archéologues. On peut, par exemple, penser aux pagnes et aux couvertures en plumes tressées mentionnés par les archives. Enfin, quelques coquillages ont été transformés pour en faire des cuillères, des louches ou des récipients.