Villages et maisons

L’occupation de l’espace évolue au cours du Néolithique et diffère sensiblement entre le sud et le nord de la France. 

Les petites maisons du Sud

Les plus anciennes maisons attestées en France se situent dans le Midi, où sont arrivées les premières vagues de colons néolithiques par la Méditerranée. Plusieurs sites ont révélé des plans d’habitat sous la forme de cabanes ovales ou avec abside édifiées dans des matériaux légers (bois, terre). Leur taille réduite suggère qu’elles abritent de petites unités familiales.
Les groupes néolithiques ont installé leur habitat dans les plaines et les zones littorales, ainsi que dans des zones plus sèches (garrigues, plateaux, moyennes montagnes) propices aux activités pastorales. Dans ce cas, les grottes et les abris-sous-roche pouvaient être mis à profit pour des occupations saisonnières ou temporaires (bergeries, haltes de chasse).

Les maisons danubiennes

Maison néolithique danubienne © Laurent Juhel, Inrap

Dans la majeure partie de la moitié nord de la France, autour de 5000 avant notre ère, les maisons sont semblables à celles construites dans la vallée du Danube par les premiers colons européens. C’est la raison pour laquelle on les appelle « maisons danubiennes ».
Il s’agit de longues habitations rectangulaires de terre et de bois pouvant atteindre 45 m de long pour 8 m de large. Des poteaux plantés dans le sol soutiennent une charpente recouverte de chaume ou d’écorce et les murs sont réalisés en torchis (mélange de terre argileuse et de paille) appliqué sur un clayonnage de branches souples.
En fouilles, ces maisons se repèrent grâce aux traces laissées dans le sol par les trous de poteaux et aux fosses qui bordent les murs. Creusées au départ pour extraire le matériau destiné au torchis, ces fosses sont ensuite réutilisées comme dépotoirs. Les archéologues y retrouvent des ossements, des morceaux de céramique, du silex, des instruments de broyage…
Les premières maisons danubiennes sont d’abord implantées dans les vallées puis, un peu plus tard, les installations sur les plateaux se multiplient. Chaque maison est suffisamment vaste pour abriter une quinzaine de personnes, soit plusieurs familles.

Au bord des lacs du Jura

Les premiers villages clairement identifiés en bordure des lacs du Jura sont postérieurs à 4000 avant notre ère, soit bien après la néolithisation.
Protégés par une palissade levée du côté de la terre, les villages lacustres sont composés de maisons construites sur de longs pieux plantés dans la vase ; elles s’implantent de part et d’autre d’une sorte de rue en planches, souvent perpendiculaire à la rive.
À l’intérieur, chaque maison comporte un foyer central aménagé sur une plaque d’argile. La fumée stagne sous le plafond de l’unique pièce, mais le toit en écorce laisse passer la fumée.

Les sites fortifiés

Une équipe d'archéologues de l'Inrap a étudié un site néolithique à Pont-sur-Seine (Aube) sur une surface de 4 hectares en 2009. Le village mis au jour est exceptionnel par la densité de l'occupation, la monumentalité des bâtiments et le caractère inédit de certaines architectures.
Ici, la palissade de l'enclos intégrant les 2 bâtiments monumentaux.
© Denis Gliksman, Inrap

L’essor démographique rendu possible par le mode de vie néolithique conduit à une plus grande emprise sur les territoires dès la seconde moitié du Ve millénaire avant notre ère et plus encore au IVe millénaire. La trame villageoise se densifie, avec divers types d’implantation : habitats ouverts, enceintes, mines de silex, nécropoles, etc. La forme des maisons évolue également pour adopter un plan quadrangulaire plus trapus qu’à la période précédente.
C’est après 4500 avant notre ère qu’apparaissent les premières enceintes, vastes enclos associant fréquemment fossés, talus et palissade interne pouvant circonscrire plusieurs hectares. Il est rare d’y déceler des habitations en raison de l’arasement des vestiges, mais les déchets domestiques souvent trouvés dans certains fossés attestent de la fonction d’habitat. Certaines enceintes ont pu abriter des rassemblements ponctuels pour des activités cérémonielles et/ou d’échanges. Leur fonction de protection (des individus, du bétail et des récoltes) est également probable.
Contemporains des enceintes, les « éperons barrés » (des sites de hauteur défendus par un rempart) constituent également une autre manifestation de cette nouvelle forme d’habitat, dont la fonction protectrice traduit certainement des tensions territoriales.