La circulation des hommes et des biens

Les populations néolithiques entretiennent des réseaux d’échange bien rodés reliant entre elles différentes aires géographiques, parfois fort distantes les unes des autres. Ces relations favorisent la diffusion d’idées et de techniques.

À l’échelle des villages

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Bracelets en schiste, débitage sur galet de silex local et lames en silex importé de Normandie et de la région Centre. Datant du Néolithique ancien et mis au jour à Lannion (Côtes-d'Armor), 2014.

Les premiers échanges, basés sur le troc, ont certainement lieu entre membres d’une même communauté, au sein du village. On échange des colliers de perles, des pointes de flèche, des armatures de faucilles, de la viande, etc.
Les productions sont également échangées de village en village. Le bétail, les fromages, les outils, les tissus, les coquillages et même les femmes ont sans doute été l’objet de transactions entre communautés.
Au tout début du Néolithique, les premiers colons entretiennent des liens avec les derniers chasseurs mésolithiques, comme le prouve l’utilisation, en Alsace, de coquillages en provenance de l’Atlantique, à une époque où l’océan n’est pas encore atteint par les agriculteurs.

À l’échelle de l’Europe

Les meilleures matières premières circulent sur des centaines de kilomètres, certainement grâce à des colporteurs. C’est, par exemple, le cas de l’obsidienne. Originaire principalement des îles Lipari et de Sardaigne, cette roche volcanique, prisée par les tailleurs pour les lames régulières et tranchantes qu’ils en tirent, est recherchée en Grèce, en Afrique du Nord, en Italie, en Corse et en France méditerranéenne.  
Dans le courant du Néolithique, divers objets voyagent à travers l’Europe occidentale, comme les haches en jadéite des Alpes et celles en épidotite des Pyrénées, les perles en variscite de Catalogne, les bracelets en roche métamorphique du Massif armoricain ou encore les lames en silex du Vaucluse ou celles du Grand-Pressigny.
Ces échanges contribuent sans doute à la cohérence et à la cohésion culturelle des populations sur des territoires assez vastes, cohérence que les archéologues décèlent dans la céramique, par exemple. Ils permettent aussi de diffuser des idées et des techniques.

En pirogue

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Une des pirogues du site néolithique chasséen de Bercy à Paris, daté vers 4200 avant notre ère. Fouille de Paris-Bercy, 1991-1992.

Pour coloniser de nouveaux territoires, pour visiter leurs voisins ou encore pour s’approvisionner en diverses denrées ou matériaux rares, les Néolithiques naviguent en mer comme sur les eaux intérieures. Ils fabriquent pour cela des pirogues monoxyles (creusées dans un tronc d’arbre, tilleul ou chêne).
Ces embarcations légères permettent de se déplacer aisément par les rivières et d’aller d’un village à l’autre en quelques heures. Elles peuvent transporter du silex, des animaux tués à la chasse ou du bétail sur pied.
Sur la mer, les collecteurs d’obsidienne connaissent suffisamment bien les courants marins, les vents et les récifs dangereux pour atteindre les îles Lipari et la Sardaigne, puis accoster, au retour, sur les rivages de Méditerranée occidentale.