Les objets de tous les jours

Le travail du métal apparaît durant la seconde moitié de la période, mais l’essentiel des outils néolithiques sont en pierre, notamment en silex. Les Néolithiques maîtrisent des techniques de taille souvent complexes et adoptent le polissage pour certains outils, notamment les haches. 

Les haches polies

Les haches polies

Une équipe d'archéologues de l'Inrap a étudié un site néolithique à Pont-sur-Seine (Aube) sur une surface de 4 hectares en 2009.
Ici, une hache polie en silex de la période néolithique. Elle a été découverte dans un trou de poteau d'un bâtiment.

Parmi les roches dures et compactes adaptées à la taille d’outils tranchants, le silex demeure la roche la plus utilisée. C’est également celle qui est la plus répandue dans la nature. Les hommes du Néolithique en font divers outils du quotidien : pointes de flèche pour la chasse, faucilles pour la récolte des céréales, grattoirs et lissoirs pour le travail des peaux et, bien sûr, des haches.
Ces dernières sont nécessaires au défrichement de la forêt et à l’entretien des espaces cultivés, la pression démographique rendant indispensable leur extension. Pour rendre les haches résistantes et parfaitement affûtées, la technique du polissage se développe. Elle consiste à frotter les lames de longues heures durant sur un bloc rocheux, souvent en grès.
Certaines haches réalisées en roche rare, comme la jadéite, et intensément polies pour les rendre brillantes, n’ont pas de fonction utilitaire. Il s’agit d’objets marquant le prestige social de leurs détenteurs.

Du silex en quantité industrielle

Du silex en quantité industrielle

Amas de débitage avec, au premier plan, une ébauche de hache polie. Fouille de la minière néolithique de Ri (Orne), 2007.
Le silex a été utilisé pour la fabrication de haches servant au défrichement des forêts et au travail du bois.

Pour se procurer de la roche de bonne qualité, des mines sont creusées avec des pics en bois de cerf dans la craie, le calcaire ou l’argile afin d’atteindre les bancs de silex. Certains puits sont profonds de 10 à 12 mètres. Les minières peuvent couvrir plusieurs dizaines d’hectares, comme celle de Ri, dans l’Orne. Des silex de qualité supérieure, tels le silex tertiaire du Bassin parisien ou celui du Mont Ventoux, font l’objet de colportage en blocs par des artisans itinérants, qui taillent des lames à la demande.

Les lames du Grand-Pressigny

Les lames du Grand-Pressigny

Ce poignard en silex pressignien – provenant du site du Grand-Pressigny en région Centre – a été mis au jour à Bricqueville-la-Blouette (Manche).
Au Néolithique récent et final (fin du IVe et au début du IIIe millénaire), les poignards en silex pressignien sont diffusés dans toute l'Europe occidentale.

Vers la fin du Néolithique, le silex du Grand-Pressigny (Touraine), d’une jolie couleur brun miel brillant au soleil, devient très prisé. On le trouve sous forme de dalles plus ou moins grosses dont on tire de grandes lames minces et allongées. Utilisées comme couteaux, elles sont diffusées dans presque toute l’Europe. Les tailleurs de Touraine possèdent un savoir-faire inégalé pour créer des lames de plus de 30 cm de long. 

L’artisanat de l’os

L’artisanat de l’os

Tête de pioche perforée en bois de cerf, mine de silex de Ri (Orne), 2007.
Des centaines d'objets en bois de cerf ont été mis au jour dans les puits d'extraction.

Autre matière première à disposition des fermiers néolithiques, les os de bovinés et de caprinés sont exploités pour la fabrication d’objets variés, notamment pour l’outillage de traitement des peaux. Les canines de suidés font des racloirs pour fabriquer des arcs.
Au cours de la période, l’utilisation de plus en plus courante du bois de cerf est notable : pics, gaines de hache (pour amortir les chocs quand la hache est utilisée en cognée), petits manches, têtes de flèche, perles et pendeloques…
Ajoutons que d’autres matériaux, rarement conservés, ont été utilisés par les Néolithiques pour produire des objets, comme le bois, l’osier, les tiges et les écorces.

Les débuts du tissage

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Peson et fusaïoles attestant la pratique du travail du textile (filage et tissage), découverts sur le site de la ZAC des Vigneaux à Cuges-les-Pins (Bouches-du-Rhône) en 2013.

Si les habits du quotidien restent fabriqués en peaux, comme au Paléolithique, les femmes du Néolithique commencent à tisser des fibres textiles, le lin principalement. Il faut de nombreuses heures de travail pour obtenir un carré de tissu et sa rareté en fait un objet précieux. Les pièces tissées sont essentiellement de petites dimensions : ceintures, rubans, coiffes, certainement portés à des occasions spéciales. C’est à la toute fin du Néolithique que les vêtements tissés se répandent.

La parure

Les premiers Néolithiques aiment attacher leurs cheveux et fermer leurs vêtements avec des valves de spondyle fendu, des coquillages qui viennent de mer Noire ou de la mer Égée. Divers coquillages plus courants sont montés en collier. Les dentales, ramassés sur les berges des rivières, composent ainsi des parures communes aux hommes, aux femmes et aux enfants. Des petites perles en coquillages perforés venant de l’océan Atlantique ornent des plastrons ou décorent des bonnets. Plus tard dans la période, les valves de moules d’eau douce sont privilégiées pour leurs reflets nacrés. 
La pierre est aussi très prisée pour réaliser des perles circulaires montées en bracelets ou en colliers. Les hommes portent des parures façonnées dans des os ou des dents d’animaux sauvages (défenses de sangliers, dents de cerf perforées, de loup ou encore d’ours).