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Mis à jour le
29 avril 2024
Collection
Carbone 14

Pour découvrir l’archéologie d’aujourd’hui, ses sciences connexes, mais aussi approcher et décrypter ce que la discipline recouvre de concepts, de modèles, Carbone 14, le magazine de l'archéologie, retrace les avancées de la recherche française et internationale et parcourt terrains, chantiers et laboratoires. Une émission à écouter chaque samedi, de 19 h 30 à 20 h sur France Culture et à réécouter sur Inrap.fr.

Avec Clément Paris, archéologue, préhistorien, spécialiste du paléolithique supérieur, ingénieur de recherche à l’Inrap et David Hérisson, archéologue, préhistorien, spécialiste du Paléolithique inférieur et moyen, chargé de recherche au CNRS.

C’est au cœur des Hauts-de-France, et plus particulièrement dans le département de la Somme, que, dès 1859, les premiers temps d’une humanité furent mis en évidence.

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Tête d’Amiens, en craie, après restauration, trouvée en 2021, vue sous différents angles (conservée au Musée d'archéologie nationale de St-Germain-en-Laye) - © Stéphane Lancelot/Inrap

Érudits et « antiquaires » attribuaient ces premières communautés d’une Préhistoire très ancienne, à une période antédiluvienne, sans savoir réellement si celles-ci appartenaient à l’âge tertiaire ou à l’âge quaternaire. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et le déluge n’est plus à l’ordre du jour. Surtout que de très récentes recherches viennent de préciser la très haute antiquité de ces premiers Hommes, vieux de 650 000 voire 670 000 ans.

Le magazine de l’archéologie propose ici un tour d’horizon des dernières découvertes. Notamment celles du site de Cagny-la-Garenne (Somme), vieux de 460 000 à 320 000 mille ans, qui a livré les outils de pierre caractéristiques de ces périodes. On retrouve alors les bifaces, mais aussi d’autres outils de silex dont de nombreux couteaux.

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Bifaces trouvés sur le site d'Etricourt-Manancourt (fin de l'acheuléeen), ayant livré l’occupation principale du gisement daté à 280 000 ans - © David Hérisson (CNRS/Inrap)
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Carte des sites classés et fouillés de la vallée de la Somme - © David Hérisson, CNRS/Inrap

Les gigantesques travaux entrepris lors de la construction du canal Seine-Nord-Europe ont entraîné de nombreuses fouilles et de belles découvertes. Notamment, à Étricourt (Somme), où, sous plus de 11 mètres de limon, 5 000 m2 d’habitats datés entre 380 000 et 80 000 ans, ont été découverts.

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Vue aérienne du site de fouilles (préventives) d'Etricourt-Manancourt (2012) - © Jean-Luc Locht/Inrap

Les premiers occupants de notre territoire sont des Homo heidelbergensis, dont les vestiges anthropologiques sont rarissimes en Europe (on retient tout de même les sites de Tautavel en France, Mauer en Allemagne, et la Sima de los Huesos en Espagne). Ce sont les Néandertaliens qui leur succèdent, dont les vestiges sont bien moins rares. Une fouille d’urgence avait justement permis de découvrir, à Biache-Saint-Vaast (dans le Pas-de-Calais), avant la destruction du site, plusieurs néandertaliens datés de 250 000 ans.

Vers 45 000 ans, l’Homme moderne conquiert l’Europe, mais les témoins des toutes premières occupations sont rares dans le nord de la France.

Découvert en 2011 et fouillé depuis lors, le site d’Amiens-Renancourt est un exceptionnel gisement daté de 23 000 ans et appartient à la culture gravettienne. La découverte exceptionnelle de Vénus, produites sur place, fait d’Amiens-Renancourt, un gisement de première importance. Ces petites sculptures mesurant entre 3 à 12 cm de hauteur, sont parfois retrouvées entières mais bien souvent fragmentées. Elles ont été produites à partir de blocs de craie tendre, que l’on pouvait trouver aux alentours.

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Vue de la fouille d'Amiens-Renancourt 1 (2019) - © David Hérisson (CNRS/Inrap)

Elles possèdent des caractéristiques similaires : un profil en « S », des épaules étroites, une large poitrine, des seins légèrement divergents sur lesquels reposent parfois deux bras courts et des cuisses sans jambes. André Leroi-Gourhan avait analysé l’organisation schématique de ces vénus gravettiennes : "l’ensemble tient généralement dans un losange au sein duquel on peut voir un cercle qui contient la poitrine et les fesses hypertrophiées des vénus".

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Statuette féminine coiffée en craie, dite Dame d'Amiens, datée du Gravettien, 27 000 avant notre ère, trouvée sur le site d'Amiens-Renancourt 1 (Somme) - © Franck Boucourt / Amiens Métropole.

L’une des vénus entière possède sur sa tête un quadrillage finement incisé, qui représente une chevelure ou une coiffe encadrant ainsi son visage aveugle. On retient également, une petite tête en ronde-bosse qui, elle, révèle un visage, ce qui est particulièrement rare dans l’art gravettien. « Les yeux sont surmontés d’un aplat au-dessus duquel un ressaut continu entre les tempes forme un bandeau orné de sept courtes incisions verticales. Ce bandeau constitue le premier registre d’une longue coiffe ou coiffure complexe » (E. Deneuve) - (cf. illustration en une de cette page).

Toutes ces vénus s’apparentent aux rares modèles connus et découverts en Europe, comme à Kostenki en Russie, Grimaldi en Italie, Dolni Vestonice en Tchéquie, ou encore Lespugue, Laussel, ou Brassempouy, en France.

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Statuettes provenant des fouilles du site de Renancourt - © Stéphane Lancelot/Inrap

>> A visiter, une très belle exposition retraçant l'histoire préhistorique de la Somme, "La Somme des préhistoires", du 23 mars au 3 novembre 2024 au Musée de Picardie à Amiens. Et aussi, les coulisses de l'exposition.

>> A visiter aussi, l'exposition "Neandertal fait son chaud : 200 00 ans de changements climatiques et culturels"du 25 novembre 2023 au 5 juillet 2024 au Musée Arkéos de Douai.

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Vue aérienne du site paléolithique de Caours (2023) en cours de fouilles - © David Hérisson (CNRS/Inrap)

Pour aller plus loin

Année :
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Durée :
25 min
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