Carrière de La Folie (Île-de-France, Hauts-de-Seine, Nanterre)

Si l’histoire ancienne de Nanterre (Hauts-de-Seine) est associée aux Parisii à l’époque gauloise puis à celle de Sainte Geneviève à partir de la fin de l’Antiquité et pendant tout le Moyen Âge jusqu’à nos jours, celle plus récente est en grande partie liée à une activité économique aujourd’hui oubliée qui fit les beaux jours de la commune. C’est durant les périodes moderne et contemporaine, et jusqu’au début du XX^e siècle que le sous-sol de Nanterre suscita l’intérêt des carriers pour l’exploitation de ses sables et graviers, ainsi que son calcaire. De cette activité prépondérante, il ne reste de nos jours que des noms de rues et de lieux-dits. Néanmoins, il existe encore un dernier vestige visible de cette glorieuse époque dans un secteur industriel de Nanterre en pleine mutation. La réhabilitation du quartier des Groues où se situe l’objet de cette étude, par l’établissement public Paris-La Défense, a donné lieu à une série de diagnostics archéologiques débutés en 2019. C’est dans le cadre d’une de ces opérations qu’une mission d’observation de la dernière galerie d’extraction de calcaire, non remblayée et appartenant au vaste réseau des carrières de la Folie, a eu lieu en octobre 2020 (fig. 1).

Cette carrière dont l’avenir demeure toujours incertain, fait partie d’un ensemble archéologique et historique plus vaste directement lié à la présence de l’ordre de Sainte-Geneviève dont l’héritage est encore bien visible à Nanterre. Au moins deux autres opérations d’archéologie préventive ont récemment documenté cette présence sous l’Ancien Régime. La première, qui concerne le cœur de cette thématique, est l’étude du collège royal qui depuis 2022 fait désormais l’objet d’une fouille programmée. De ce séminaire, il ne subsiste que des caves et le rez-de-chaussée du corps de logis principal. Cette fouille permet également de faire ressortir les maisons du village détruites pour laisser place au projet des chanoines réguliers de l’ordre de Sainte-Geneviève et d’apporter un éclairage inédit sur le bourg avant 1642. La présence des religieux est, également, indirectement attestée par celle d’un aqueduc dont la conservation est menacée par la création d’une nouvelle ligne de métro. Sa construction s’est faite par opposition aux génovéfains qui s’accaparèrent les ressources en eau douce pour les besoins des occupants du collège aux détriments des villageois. Ces derniers, après de nombreux recours en justice, obtinrent finalement l’autorisation de construire leur propre réseau d’adduction en 1760.

Depuis quelques années, l’histoire moderne qui était quelque peu tombée dans l’oubli, refait surface lui permettant ainsi de retrouver la place centrale qui lui revient pour comprendre le Nanterre d’aujourd’hui.