L’archéologie préventive
L’archéologie préventive représente aujourd’hui 90% des fouilles réalisées en France. Comment s’est-elle constituée au fil des années ? Quel est le rôle de l’Inrap dans son organisation actuelle ?
Un intérêt tardif…
En France, les archéologues se sont longtemps tournés vers l’Égypte, la Grèce ou l’Italie, laissant aux amateurs la pratique sur le territoire hexagonal. C’est seulement en 1941 que la loi Carcopino (validée en 1945) organise l’autorisation et la surveillance des fouilles par l’État et rend obligatoire la déclaration de découverte fortuite.
La prise de conscience
Après la Deuxième Guerre mondiale, la multiplication de travaux d’aménagement du territoire et le développement de l’agriculture mécanisée entrainent la destruction, sans étude préalable, de nombreux vestiges archéologiques. L’opinion publique s’en émeut lors de grands travaux réalisés à Paris ou à Marseille dans les années 1970.
Le sauvetage s’organise
Sous la pression de certains services régionaux d’Archéologie, des fouilles préalables aux travaux commencent à être financées par les aménageurs. Les fonds sont affectés à l’Association pour les fouilles archéologiques nationales (Afan), une agence du ministère de la Culture créée en 1973. On parle alors d’archéologie de sauvetage.
Convention de Malte : la voix de l’Europe
La convention européenne pour la protection du patrimoine archéologique est signée en 1992 à Malte. Elle affirme l’intérêt de concilier développement économique et connaissance archéologique et elle encourage chaque État à donner à l’archéologie préventive des moyens financiers grâce au concours des aménageurs. La convention est déclinée en droit français en 1995.
La création de l’Inrap
Alors que les fouilles se multiplient sans véritable cadre juridique, le ministère de la Culture missionne en 1998 Jean-Paul Demoule, professeur d’université, Bernard Pêcheur, conseiller d’État, et Bernard Poignant, maire de Quimper, pour réfléchir à une réforme de l’archéologie de sauvetage. Leurs propositions déboucheront sur l’adoption de la loi sur l’archéologie préventive, le 17 janvier 2001. Au centre du dispositif, l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) est créé le 1er février 2002 en application de cette loi. Établissement public administratif de recherche placé sous la double tutelle des ministères chargés de la culture et de la recherche, il est chargé de la détection et de l’étude du patrimoine archéologique touché par les aménagements du territoire. Il concourt également à l'enseignement, à la diffusion culturelle et à la valorisation de l'archéologie.
Le renouvellement des connaissances
En donnant accès à de vastes surfaces telles que les tracés d’autoroute, l’archéologie préventive a permis d’appréhender à l’échelle des territoires l’évolution des modes de vie et de l’environnement des sociétés anciennes. Elle renouvelle ainsi totalement les connaissances des occupations humaines qui se sont succédées dans l’Hexagone depuis un million d’années.