Fouiller une tombe, pourquoi ? Comment ?

L'anthropologie est la science de l'humain en général : culture, société, anatomie, biologie. Il vient du grec anthropos : l'humain, et logos : la parole, le discours. Pour l'archéologue, qui est « un anthropologue arrivé en retard », comme le définit avec humour le chercheur Jean-Michel Chazine, il s'agit de comprendre les traces laissées par une présence humaine. Comme elle est souvent très ancienne, chaque détail ayant traversé le temps compte.
Dans le cas de la mort et des pratiques funéraires, les objets d'étude seront donc les restes humains, leur contexte et le matériel retrouvé près du mort.

Fouille d'une urne funéraire © Raphael Dallpaorta, Inrap

Si le corps n'a pas été déposé dans un cercueil ou un sarcophage, il faut essayer de trouver les limites d'une éventuelle fosse funéraire, visible par une couleur ou une qualité de terre différente du sol dans lequel elle a été creusée. La fouille d'une  sépulture ne consiste pas à vider la fosse et nettoyer le squelette de la terre qui le recouvre. Bien au contraire, le sédiment qui l'entoure doit être conservé et analysé, car il peut indiquer la présence d'un linceul (traces de fibres ou de cuir), d'un cercueil en bois dissout dans la terre, de fleurs (traces de pollens) etc.

Cette fosse sera fouillée à l'horizontale, délicatement, afin de prélever tous les indices possibles : petits morceaux d'os humains ou animaux, objets divers entiers ou cassés etc. La terre qui s'yaccroche aux ossements et aux objets va les protéger lors du transport au laboratoire, et peut-être même apporter d'autres informations. Dans certains cas, la tombe est prélevée d'un bloc et entièrement fouillée dans un laboratoire.
La fouille d'une sépulture permet de retrouver des gestes et des coutumes : orientation et position du corps, habillement, parures, dépôts de nourriture et d'objets funéraires ayant pu appartenir au mort. Sont aussi visibles des pratiques particulières, comme par exemple la réouverture des tombes, l'ajout de défunts au fil du temps ou en une seule fois, le déblayement des os pour faire de la place à de nouveaux morts, la récupération de reliques ou encore le pillage. Et bien sûr, l'emplacement de la tombe est aussi révélateur : au sein d'une nécropole ou isolée, à l'écart des vivants ou pas, avec des personnes de même condition, âge ou sexe, ou au contraire dans une nécropole hétéroclite.