L’os, dernier témoin des gestes funéraires
Sous nos latitudes, depuis environ 30 000 ans, il n'existe plus qu'une seule espèce humaine alors comment distinguer une sépulture antique, médiévale, préhistorique ?
Le squelette sera celui d'un Homo sapiens sapiens, mais l'architecture de la tombe, les objets déposés, la position du mort seront caractéristiques d'une culture, d'une époque. Seule une connaissance approfondie de chaque période permet de proposer des hypothèses valables.
Lorsqu'un archéologue fouille une sépulture, il fait très attention à ne rien déplacer, ni les ossements, ni les éventuels objets déposés près du défunt. A de très rares exceptions, les tombes sont remplies de sédiment, soit parce que le mort a été déposé dans une simple fosse, soit parce que le cercueil a disparu et que la terre a rempli tous les espaces vides, ou que l’architecture a été comblée par des dépôts naturels (vents, pluie, boue etc.) ou artificiels.
Dès que les ossements apparaissent, l'emplacement de chacun est soigneusement noté. Leur position est une source d'information primordiale pour comprendre ce qui s'est passé au moment du dépôt du corps et ensuite. Pour cela, le regard d'un archéo-anthropologue est très précieux, car ce spécialiste du corps humain peut rapidement voir si le squelette est dans sa positioninitiale, s'il a été déplacé, s'il est complet, s'il présente des traces particulières. Que la mort remonte à des centaines de milliers d'années ou à quelques décennies, les questions posées sont les mêmes : qui est le défunt, quelle est sa culture, son environnement social, les conditions de sa mort. Et quels éléments sont importants pour reconstituer sa sépulture et les gestes funéraires qui ont accompagné son inhumation.
Reconstituer la tombe originelle ouvre une porte sur le monde des vivants, ceux qui ont fabriqué cet environnement. A partir de la tombe, nous avons accès à des degrés divers à la culture matérielle, l'organisation sociale, les croyances, aux conditions de vie de toute une société.