Reconstitution de la scène du « crime »

Qu’est-il arrivé à Little Foot ? Les paléoanthropologues ont recueilli assez d’indices pour reconstituer les circonstances de son arrivée, certainement bien involontaire, dans la grotte de Silberberg… 

Un squelette en connexion

Les dents de Little Foot sont encore en occlusion, offrant une mine d’informations, jusque dans le tartre qui les recouvre, aux chercheurs. © Laurent Bruxelles, Inrap

Little Foot est le plus complet (à 95 %) des fossiles pré-humains jamais découvert. Surtout, son squelette est resté en connexion, les os les uns au contact des autres, contrairement à la plupart des autres fossiles découverts à Sterkfontein ou dans les cavités voisines ou ailleurs en Afrique, généralement retrouvés isolés. La surface de ces ossements présente bien souvent des traces de dents, révélant que la chair a été mangée par des prédateurs, tels que les léopards ou les tigres à dents de sabre qui peuplaient la région il y a quelque millions d’années. Les australopithèques comptaient parmi leurs proies. Une partie au moins des fossiles retrouvés à Sterkfontein correspond donc à des restes de leurs repas. Little Foot n’a pas été consommé par un prédateur, ni transporté par le ruissellement dans la grotte. Aucun charognard (hyène, porc-épic…) n’a déplacé son squelette après sa mort. 

Une chute fatale

Little Foot est resté dans sa position de mort : un bras en l’air, la main fermée avec le pouce à l’intérieur, l’autre bras roulé contre le corps, les jambes vrillées. L’entrée de la cavité dans laquelle il a été découvert était défendue par un gouffre, colmaté au fil du temps, autour duquel devaient pousser des arbres, constituant un refuge. Little Foot est manifestement tombé dans le gouffre, son corps reposant à l’aplomb sur un talus, dans le sens de la pente. La chute, de plus 20 m, lui a été fatale. La cause de la chute demeure, elle, un mystère. Fuyait-il un prédateur ? A-t-il été poussé ? La science laisse place à l’imagination.  

Enseveli

Le gouffre qui défendait la cavité dans laquelle Little Foot est tombé s’est rempli de sédiments au fil des millénaires. C’est suite à un dynamitage au moment de l’exploitation minière des grottes que le fossile est réapparu. Un dynamitage de plus et il était pulvérisé… © Laurent Bruxelles, Inrap

Au fil du temps, le squelette a été recouvert de cailloutis et de terre venus de la surface. Plusieurs dizaines de mètres de sédiments se sont ainsi accumulés pendant des centaines de millénaires, enfermant Little Foot dans une gangue rocheuse. Des infiltrations de la voûte, très chargées en calcaire dissous, ont cimenté tout le remplissage de la grotte, devenu aussi dur que du béton.