Sterkfontein

Localisé à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Johannesburg, dans la province du Gauteng, Sterkfontein est le site paléontologique le plus prolifique au monde. Il a livré des milliers de fossiles d’animaux et de pré-humains, essentiels à la connaissance des premiers représentants de notre lignée. Cette exceptionnelle concentration de vestiges est en partie liée à l'évolution géomorphologique du site. 

Des toupets d’arbres

Paysage de la vallée de la Bloubank, en Afrique du Sud, province du Gauteng © Laurent Bruxelles, Inrap

Le plateau haut de 1 500 m qui jouxte Johannesburg au nord-ouest apparaît comme une immense savane clairsemée où évoluent les gnous, les babouins, les antilopes, les hyènes ou encore les autruches. De multiples petites collines surmontées d’un toupet d’arbustes émaillent le paysage. La plupart du temps, ces arbres signalent l’entrée d’une grotte ou d’un gouffre naturel, car l’autre dimension du paysage de la vallée de la Bloubank est sous terre. 

Un gruyère karstique

Lapiaz formés par la dissolution de la dolomie, vallée de la Bloubank, en Afrique du Sud, province du Gauteng © Laurent Bruxelles, Inrap

La dolomie qui en compose les sols réagit à peu près comme le calcaire au contact de l’eau et se dissout. De nombreuses grottes ont donc été creusées dans cette zone. Sterkfontein correspond ainsi à un immense réseau de galeries étendu sur 10 km. Un véritable labyrinthe en trois dimensions qui s’est, au fil du temps, rempli de sédiments. 

Dynamitages

L’aspect actuel des grottes de Sterkfontein est grande partie dû à l’exploitation minière. © Laurent Bruxelles, Inrap

Au début du XXe siècle, des mineurs remarquèrent que Sterkfontein et les grottes voisines abritaient des concrétions de calcite (stalagmites, stalactites, coulées) prises dans un cailloutis fortement cimenté, la brèche. Les cavités ne tardèrent pas à être déblayées à la dynamite afin d’exploiter la calcite, employée pour abaisser le point de fusion de l’or. Parmi les déblais, les mineurs retrouvaient bien souvent des fossiles pris dans la brèche, qu’ils apportaient aux chercheurs de l’Université de Johannesburg, lesquels en comprirent rapidement tout l’intérêt. En 1920, l’industrie aurifère inventa un substitut à la calcite, entraînant l’arrêt de l’exploitation des grottes. Si les mineurs quittèrent les lieux, les paléontologues poursuivirent leurs recherches, couronnées par des centaines de découvertes.

Une période-clé

Les fossiles retrouvés à Sterkfontein et dans les sites voisins offrent des indices sur une période-clé de l’histoire de l’humanité, entre – 4 et – 1 millions d’années. Au cours des millénaires, les ossements des animaux et des hominidés qui occupaient la vallée ont été entraînés dans les grottes par le ruissellement des eaux. Progressivement recouverts par les cailloutis et par la terre venus de la surface, ils se sont fossilisés sous plusieurs dizaines de mètres de sédiments. Restes de singes et de carnivores, d’australopithèques, de paranthropes, d’Homo habilis et d’Homo ergaster, les grottes de Sterkfontein et ses voisines recèlent les précieux vestiges du début du genre humain.