L’eau publique
Le confort urbain, amoenitas urbium, est un concept très important à l’époque romaine. Les portiques qui couvrent les trottoirs, les bains publics, les égouts et l’alimentation en eau en sont les principaux facteurs.
Des thermes publics datés du Ier au IIIe siècle ont été découverts en trois endroits de la ville (sites 6, 21 et 24). Un quatrième ensemble thermal, probablement public lui aussi, avait déjà été identifié au XIXe siècle dans le faubourg (suburbium) situé sur la rive droite du Clain. Les thermes Saint-Germain (milieu du Ier siècle au IIIe siècle), avec leurs vastes espaces à l’air libre, sont associés à un campus, sorte de champ de Mars où étaient pratiquées toutes sortes de sports et d’entraînements.
Certaines demeures aisées disposaient de l’eau courante, et les thermes publics en consommaient une grande quantité. Trois aqueducs construits aux Ier et IIe siècles approvisionnaient Limonum en eau à partir de sources situées à plusieurs kilomètres de Poitiers (Basse-Fontaine, la Reinière, Cimeau, Croutelle et Fleury). Arrivée en ville, l’eau était stockée dans de vastes réservoirs servant de châteaux d’eau ; en repartaient des tuyaux en plomb et en bois qui desservaient toute la ville.
Les habitants plus modestes et les voyageurs pouvaient puiser de l’eau dans des puits ou s’abreuver aux fontaines publiques situées aux principaux carrefours de la ville. Ces lacus, comme celui mis au jour en 2005 aux Hospitalières (site 26), étaient généralement offerts à la communauté par de riches et puissants personnages.
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Tranchées de pose de conduites d’eau en bois (site 18). De ces tuyaux en matériau périssable, seuls les éléments de jonction en fer (les frettes) se sont conservés.
© Frédéric Gerber, Inrap. -
Sur le site des Hospitalières (site 26), les blocs de construction d’une première fontaine publique avaient été intégrés dans la voirie pour servir de base à une seconde fontaine, dont les archéologues n’ont retrouvé que le fond. Cela leur a permis d’en proposer une restitution sous forme de dessin et de maquette.
© Flavien Bambagioni, Inrap. -
L’aqueduc de Basse-Fontaine, long de 17 km, est enterré sur la plus grande partie de son parcours ; des murs et des arches lui permettent de traverser les vallons (ici sa partie aérienne, appelée « arcs de Parigny », visible à Saint-Benoît). L’aqueduc du Cimeau, qui suit en grande partie un parcours parallèle, fait 12 km de long. Celui de Fleury court quant à lui sur 24 km.
© Pierre Texier, Inrap.