La Minerve de Poitiers
Un jour de janvier 1902, rue Paul-Bert (site 15), alors qu’un terrassier creusait un trou dans la cour de l’école pour y planter un arbre, son attention fut attirée par une pierre plus lisse que les autres…

… Celle-ci se révéla être un pied en marbre. Avec mille précautions, une statue de Minerve entière a été dégagée. Ne lui manquaient que l’avant-bras droit et un morceau de pied.
Des fouilles menées alentour peu de temps après ont mis au jour, à quelques mètres de l’endroit où avait été trouvée la statue, les vestiges d’une installation de chauffage par le sol (hypocauste) ainsi qu’une grande citerne et des débris de poterie romaine. De toute évidence, ces constructions n’appartenaient pas à un temple, comme on a pu le penser à l’époque. Elles se rattachent probablement à la zone thermale d’une riche demeure.
Romaine, mais d’inspiration grecque

Détails du visage de la Minerve de Poitiers.
© Christian Vignaud, Musées de Poitiers.Malgré son casque, la Minerve de Poitiers n’a pas les traits d’une guerrière. Elle ne porte pas de bouclier et, à la place d’une lance, sa main gauche baissée tient la tige brisée d’un rameau d’olivier. Elle a une attitude calme et hiératique. La « Minerve » est en réalité une « Athéna ».
On reconnaît la déesse à son manteau portant une tête de Gorgone et des serpents. Elle a sans doute été sculptée à Rome au début du Ier siècle avant notre ère, comme en témoignent des fragments de statues similaires découverts dans la capitale, et s’inspire des représentations grecques archaïques. Mais quand et comment la statue est-elle arrivée à Limonum ? On peut imaginer que ce fut au moment de la création de la ville romaine au tout début de notre ère.
Sa taille est trop petite (1,52 m avec la plinthe) pour qu’elle ait pu être destinée à la cella d’un temple. Sa découverte dans les ruines d’un hypocauste invite à penser qu’elle décorait une niche de l’une des pièces thermales ou une salle proche telle qu’une bibliothèque.