Au sud-est du cœur historique de la ville, les archéologues ont fouillé un cimetière en lien avec le couvent des Cordeliers, transformé en hôpital au XVIe siècle.

Dernière modification
07 mars 2017

La fouille archéologique préventive réalisée actuellement par une équipe d’archéologues de l’Inrap, a  été prescrite par l’État (direction des Affaires culturelles, service régional de l’Archéologie d’Aquitaine). Elle est menée en amont des travaux de construction d’une crèche, sous la maîtrise d’ouvrage de la Communauté de communes Lacq-Orthez. Cette intervention fait suite à un diagnostic réalisé par l’Inrap en 2015 qui a mis au jour des vestiges en lien avec le couvent des Cordeliers transformé en hôpital au XVIe siècle avec un cimetière associé, installé au sud-est du cœur historique de la ville.

Le couvent des Cordeliers transformé au XVIe siècle

Le diagnostic archéologique de 2015 a permis de confirmer la présence d'un vaste espace funéraire déjà connu par les textes. En effet, la parcelle serait dès le XIIIe siècle sur l'emplacement d'origine du couvent des Cordeliers d'Orthez (ordre des Franciscains). Peu d’indices sur le bâti et l’enclos sépulcral du couvent médiéval jusqu’à l’époque moderne sont conservés. Abandonné en 1569, le couvent est transformé en hôpital au XVIe siècle avec un cimetière associé. Ce dernier devient paroissial à la fin du XVIIIe siècle en remplacement de celui situé autour de l'église St-Pierre. Sa clôture se ferait autour de l'année 1809.

Un cimetière avec une organisation spatiale avérée

La fouille actuelle permet de vérifier, sur une large fenêtre de 280m², l'organisation et le fonctionnement de ce lieu d'inhumation. Les tombes individuelles sont implantées en rangés relativement parallèles et les défunts paraissent inhumés dans des cercueils cloués orientés est/ouest. Le peu de recoupements relevés entre les sépultures indique une faible densité des inhumations et une gestion assez bien maîtrisée de l'espace au regard de sa durée d'utilisation, puisque celle-ci serait, d'après les textes, d'environ trois siècles. Toutefois, les découvertes d'une tombe double (une sépulture contenant deux sujets déposés simultanément ou dans un délai très court) ou d'une fosse avec un individu placé sur le ventre, traduiraient des périodes de crises (augmentations du nombre des défunts) durant lesquelles les décès doivent être gérés rapidement, voire différemment, ce qui provoqueraient des "entorses" aux pratiques habituelles d'inhumations.

Une tombe multiple qui interroge les archéologues

Une grande fosse rectangulaire dégagée dans la partie sud-ouest de l'espace fouillé pose questions. Celle-ci a révélé 26 squelettes en connexion dont les positions, aussi bien sur le dos, le ventre et le côté, indiquent des corps déposés rapidement, sans trop de ménagement et vraisemblablement encore habillés.
La présence de petits mobiliers associés à certains squelettes, tels que boutons d'uniformes et de guêtres, balles en plomb, pierre à fusil, boulet de canon, et autres attributs vestimentaires, suggère fortement qu’il s’agit de soldats napoléoniens.
Cette sépulture multiple pourrait en effet être liée à un événement militaire : les sources historiques rapportent que le 27 février 1814 eut lieu la bataille d'Orthez, lors de laquelle armées alliées et armée des Pyrénées se sont combattues. Cet affrontement, qui a provoqué de lourdes pertes dans les deux camps, est signalé par quelques monuments commémoratifs indiquant les espaces d'inhumations réservés aux soldats. Mais les informations sur le traitement funéraire des troupes restent lacunaires.

Les observations et analyses des ossements et du matériel recueilli dans les différentes fosses, permettront aux archéologues de mieux cerner la chronologie des dépôts et le fonctionnement du cimetière, et d'identifier la population inhumée (sexe et âge des défunts) et, éventuellement, certaines causes de décès, dans la mesure où celles-ci auront laissé leurs marques sur les os.

Aménagement Communauté de communes Lacq-Orthez (CCLO)
Contrôle scientifique Service archéologique de la Drac Nouvelle-Aquitaine
Recherche archéologique Inrap
Responsable scientifique Christian Scuiller, Inrap