Le projet de construction de l'espace culturel des Jacobins entraine la destruction de vestiges archéologiques. Sur prescription de l'État (DRAC Pays-de-la Loire) une fouille préventive précède les travaux, dont la ville du Mans est maître d'ouvrage.

Dernière modification
19 février 2016

L'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) a remporté l'appel d'offres organisé par la ville fin 2009 et interviendra prochainement sur le terrain.
Durant plusieurs mois, à partir du printemps 2010, une équipe de 30 archéologues fouillera le site puis poursuivra ses recherches en laboratoire. Un rapport de fouilles et des publications scientifiques clôtureront ces recherches.

L'antique Vindinum exhumée

Une grande partie du potentiel archéologique du site s'ancre dans les trois premiers siècles de notre ère. C'est donc autour de l'origine de la ville du Mans, de son urbanisme, que les chercheurs vont orienter leurs recherches. On sait que la cité mancelle émerge dans les toutes dernières années du ier siècle avant notre ère et connaît un véritable renouveau architectural « à la romaine », qui contribue à changer profondément sa physionomie dans les années 50 de notre ère. Aujourd'hui, la principale inconnue porte précisément sur la zone de l'espace culturel des Jacobins. Les archéologues pensent y découvrir un quartier artisanal et espèrent comprendre la dynamique d'urbanisation du site, la nature de l'occupation et des activités qui s'y sont succédé. Avec environ 10 000 m3 de sédiments couvrant les trois premiers siècles de notre ère, le site des Jacobins offre en effet un potentiel archéologique tout à fait exceptionnel.

Cette intervention est aussi l'occasion, rare, de reconstituer l'environnement naturel du site jusqu'à des périodes bien antérieures à la création de la ville. Ainsi l'étude de plusieurs mètres de sédiments, dont certains riches en pollens anciens, permettra de reconstituer le paysage naturel du site qui a précédé la ville et l'évolution du couvert végétal depuis sa création.

1793 : la bataille du Mans

Le 10 décembre 1793, l'armée catholique et royale s'empare du Mans. Les troupes républicaines reprennent la ville les 12 et 13 décembre. 20 000 à 30 000 soldats républicains affrontent 30 000 à 60 000 Vendéens dont 10 000 à 20 000 combattants. À la suite des combats, la répression envers les prisonniers et les fuyards, malades, blessés, vieillards, femmes et enfants va se dérouler au Mans et aux alentours de la ville. 2 000 à 6 000 Vendéens vont perdre la vie dans cette bataille et seront enterrés dans des charniers.
Une partie de ces fosses sera pour la première fois fouillée dans des conditions optimales par l'équipe d'anthropologues et d'archéologues de l'Inrap.
Les sépultures « de crise » ou « de catastrophe » sont un thème de recherche novateur en archéologie des temps modernes.  Hormis la retraite de Russie, les charniers de Vilnius (Lituanie) et de ceux de Kaliningrad (fédération de Russie), plusieurs fouilles ont été entreprises par l'Inrap sur des sites de la guerre de 1914-1918 (Arras, Saint-Laurent-Blangy, Soissons, etc.), ou liées à des épidémies de peste, typhus etc. (catacombe des saints Pierre et Marcellin à Rome, cimetière d'Issoudun, de Lambesc, etc.).  Les recherches entreprises au Mans sont aujourd'hui une occasion exceptionnelle de mieux appréhender le comportement d'une société face à une crise (en l'occurrence des milliers de morts jonchant les rues du Mans), de percevoir la nature des combats à travers la traumatologie, et de mettre en évidence le recrutement démographique des combattants engagés dans ce conflit révolutionnaire.

Le Mans au coeur de la recherche de l'Inrap

Trois équipes travailleront sur le terrain. Elles se composent d'archéologues, d'anthropologues, secondés de céramologues, de topographes et d'un archiviste. Sous la responsabilité de Pierre Chevet, elles sont rompues à l'archéologie préventive, à ses choix scientifiques, à l'avancement du chantier selon une méthodologie partagée. En 2009, ces chercheurs ont réalisé le diagnostic du site des Jacobins et mènent depuis une vingtaine d'années, des fouilles urbaines au Mans. Ils sont, pour la plupart, rattachés à un programme collectif de recherche sur  les villes antiques du Mans et d'Angers, auquel sont associées les universités du Mans de Paris I, Nantes, Rennes, Brest, ainsi que des unités du CNRS de Rennes et Brest.
 
Aménagement : Ville du Mans
Contrôle scientifique : Service régional de l'archéologie (Drac Pays-de-la-Loire)
Responsable scientifique : Pierre Chevet, Inrap
Contact(s) :

Mahaut Tyrrell
chargée de communication médias
Inrap, pôle partenariats et relations avec les médias
01 40 08 80 24
mahaut.tyrrell [at] inrap.fr