L’Homme du Paléolithique a la capacité de développer et de transmettre une pensée symbolique, c’est même ce qui le caractérise. Cependant, comment accéder à l’intimité de son esprit ? Quelques pistes, de plus en plus précises à mesure que l’on avance dans le temps, laissent entrevoir l’existence d’une pensée spirituelle.

Mis à jour le
02 décembre 2016

Les données archéologiques n’autorisent pas encore à parler de « spiritualité » ou de « religion » pour les périodes anciennes de l’humanité. Au stade actuel de la recherche, l’existence (ou non) d’un sentiment religieux ou d’une forme d’expression religieuse avant le Paléolithique moyen demeure invérifiable.

Des fractures et des traces de découpe datant du Paléolithique inférieur ont été relevées sur des squelettes anténéandertaliens du site d’Atapuerca (Espagne) datés de – 800000 ans. D’autres ont été découvertes sur des sites du Paléolithique moyen, comme à Krapina en Croatie. L’analyse de ces os révèle un traitement post-mortem particulier, similaire à celui des carcasses animales, renvoyant peut-être à une pratique cannibale ou rituelle.

La vénus de Renancourt. Statuette féminine d'époque gravetienne,  2011. © Stéphane Lancelot

La vénus de Renancourt. Statuette féminine d'époque gravetienne,  2011.

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Stéphane Lancelot, Inrap

C’est au Paléolithique moyen qu’apparaissent les premières sépultures connues à ce jour ; elles sont relativement nombreuses à cette période. Or, l’enfouissement volontaire des dépouilles traduirait une croyance spirituelle. Néandertal prend soin de ses morts : il a une relation ou du moins un questionnement sur le devenir de l’autre (et donc de lui-même) après la mort. L’enfouissement des dépouilles, acte de préoccupation existentielle par excellence, attesterait ainsi d’une spiritualité dès le Paléolithique moyen.

« […] à partir du Paléolithique supérieur, une nouvelle étape est ouverte à l'humanité, celle de la figuration graphique. L'Homme du cheval et du bison a laissé des milliers de figures qui sont, sinon des textes, du moins les vestiges d'une littérature orale qu'on peut traiter comme telle » (A. Leroi-Gourhan, 1964 p. 77).

À partir de ces vestiges figuratifs (animaux, mains apposées) et non figuratifs (traits, points…) laissés par Homo sapiens, diverses interprétations ont été émises. Pour certains, ces traces font référence à des rites de passage : elles sont la transposition de pensées chargées de sens, peut-être liées à des chasses passées ou futures. La fascination qu’elles exercent encore ouvre la voie à de nombreuses hypothèses (magie, chamanisme). Et pose la question de notre capacité à appréhender l’immatériel sur la base des rares éléments tangibles laissés par nos ancêtres.