À Montreux, une équipe de l'Inrap a mis au jour des vestiges de la protohistoire jusqu'au XIXe siècle à l'occasion d'une fouille préventive. Les archéologues étudient principalement un manoir seigneurial du Moyen Âge, dit le « Château de Montreux » et ses évolutions successives entre le XIVe et le XIXe siècle.

Dernière modification
22 juillet 2022

Une équipe d’archéologues de l’Inrap mène une fouille, sur prescription de l’État (Drac Grand-Est), à Montreux, en Meurthe et Moselle. L’intervention permet de mettre au jour des vestiges dès la Protohistoire, à partir environ du IIe siècle av. J.C. jusqu’au XIXe siècle. Les archéologues étudient principalement un manoir seigneurial du Moyen Âge et ses évolutions successives entre le XIVe et le XIXe siècle.

Une occupation gauloise attestée

Une occupation humaine dès l’époque gauloise est confirmée sur le site grâce à la découverte de fragments de céramiques typiques de cette période.

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Vue générale de la fouille de Montreux. Au premier plan, se situe le manoir seigneurial avec ses différents états successifs ; sur la gauche, prenait place le jardin à l'époque moderne ; en arrière-plan à gauche, se situe un bâtiment annexe au manoir durant l'époque moderne.

© Thomas Vergine, Inrap

Fouille de la résidence seigneuriale de Montreux

Si l’équipe de fouille retrouve également des vestiges ténus, poteaux de bâtiments et céramiques, de la période du Haut Moyen-Âge (VIe-Xe siècles), la fouille se concentre principalement sur le manoir seigneurial, dont les archéologues mettent au jour les vestiges.
L’étude de l’évolution de cette résidence non fortifiée constitue le cœur de la fouille. Trois phases de construction ont été identifiées par les archéologues. Le premier état du manoir date au plus tôt du XIVe siècle. Il est constitué de deux bâtiments distincts aux murs larges et d’un réseau de drainage de l’eau. Les fondations mises au jour permettent de reconstituer le plan d’implantation de ce premier état.

Aux XVe-XVIe siècles, pour une raison non identifiée archéologiquement, le manoir nécessite d’être reconstruit. Un bâtiment principal, plus petit que l’état précédent, correspond à son deuxième état. Les archéologues ont constaté que le bâtiment a été implanté de manière différente, dans une nouvelle orientation Nord-Sud.

Un troisième état du manoir, datant des XVIIe-XVIIIe siècles et le mieux conservé, est étudié par les archéologues.  partir de cette période, la résidence seigneuriale se déploie sur les 2500 m2 du site et plus largement, en deux bâtiments principaux, une cour, un grand jardin et un important réseau de drainage de l’eau qui permet de gérer l’humidité du sol. Les archéologues retrouvent à certains endroits les niveaux de sol de l’époque et des pièces sont également identifiées. Une grande cave qui faisait partie du second bâtiment du manoir est riche en informations étant donné son bon état de conservation. Les archéologues ont retrouvé les marches de son escalier. La composition des murs de cette pièce et l’inclinaison courbée du revêtement intérieur en pierres révèlent que cette cave bénéficiait d’un plafond voûté.

Gestion de l’eau

Les archéologues observent la manière dont les occupants ont géré l’humidité du sol pour pouvoir s’implanter sur ce site. L’étude géomorphologique démontre en effet la présence d'une mare ou d’un marécage.
Dès le XIVe siècle, des canalisations en pierre ont été construites afin d’évacuer le surplus d’eau à l’extérieur des bâtiments. L’assainissement du site a en effet été un réel enjeu au Moyen Âge et surtout entre le XVIIe et le XIXe siècle comme en témoigne l’important réseau de drainage créé dans le jardin.

Une citerne d’un mètre cinquante de côté a également été retrouvée. Outre son intérêt dans le dispositif de gestion de l’eau, ce réservoir contient des objets du quotidien : céramiques, verres à vitre, fragments de pipes en terre cuite blanche, de nombreuses ardoises de toiture, etc. Les archéologues ont notamment retrouvé un sceau en cire avec le blason de Jean-Louis Billiard de Salins (De Chéville), dernier seigneur de Montreux, qui a probablement servi à cacheter une lettre. Ce seigneur acheta la seigneurie de Montreux en 1784 et y passa ses étés jusqu'en 1791. Il n'y revint pas l'année suivante et fut porté sur la liste des émigrés en 1792, dans la foulée des troubles révolutionnaires de 1789.

Aménagement : privé
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Grand-Est)
Recherche archéologique :  Inrap
Responsable scientifique : Thomas Vergine, Inrap