Une équipe d’archéologues de l’Inrap fouille actuellement et sur prescription de l’État (Drac Hauts-de-France) un site montrant une succession d’occupations de la Protohistoire ancienne à la période moderne. L’essentiel des vestiges correspond à l’époque carolingienne (VIIIe - Xe siècles).

Dernière modification
28 septembre 2023

Les vestiges les plus anciens

La plus ancienne occupation mise en évidence est provisoirement datée du début de l’âge du Fer (vers 800-500 av. J.-C.). Elle est matérialisée par quelques fosses et un grenier à quatre poteaux indiquant la présence d’une petite ferme. C’est à l’époque gallo-romaine que le site commence à se structurer avec la mise en place d’un parcellaire délimité par des fossés.
 

Une importante occupation rurale à l’aube du Moyen Âge

L’occupation carolingienne est définie par plusieurs dizaines de structures creusées dans le limon argileux du substrat. Outre de très nombreux trous de poteaux, sans organisation spatiale a priori apparente (bâtiments, clôtures, palissades ?), de nombreuses fosses ont été dégagées sur le site. Elles ont servi à diverses activités, dont l'extraction de terre argileuse utilisée pour la construction en torchis, le stockage des céréales sous forme de silos, ainsi que d'autres activités artisanales. La majorité de ces fosses a servi dans un second temps de dépotoirs, fournissant ainsi de précieuses informations pour comprendre la vie quotidienne de cette population. Parmi les objets les plus significatifs se trouve une fibule (broche) datant probablement du IXe siècle et imitant une monnaie impériale (mérovingienne ou carolingienne ?).

En ce qui concerne l'artisanat, plusieurs activités ont été identifiées. Des scories et un culot de forge ont été découverts sur le site, indiquant la proximité d'une forge. Jusqu'à présent, cinq « fonds de cabanes » ont été fouillés. Ces petits ateliers, encavés de quelques dizaines de centimètres dans le substrat et de plan rectangulaire, montrent une architecture interne à six poteaux ou à deux poteaux axiaux. Leur fouille a révélé des aiguilles de tisserand en os utilisées dans diverses activités textiles. Ces mêmes fonds de cabane présentent des excavations au centre, potentiellement destinées à l'installation d'un métier à tisser.

Une sépulture isolée, probablement carolingienne, a également été mise au jour. Orientée est-ouest, l'individu est inhumé en pleine terre, sans aucun objet à l'exception d'une probable boucle de ceinture en fer.

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Sépulture en cours de fouille.

© François De Quick , Inrap

En périphérie d'Onnaing, plusieurs opérations archéologiques avaient déjà révélé des traces d'autres occupations carolingiennes, également à vocation agricole. Celles-ci semblent être abandonnées à la fin de la période carolingienne. La continuité de l'occupation mise en évidence au centre-bourg d’Onnaing après la période carolingienne, au détriment des sites environnants, pourrait être expliquée par plusieurs éléments. D’une part, la présence précoce d’une église (de fondation alto-médiévale ?) et, d’autre part, la proximité de l’Escaut, d'une ancienne voie romaine importante reliant Bavay à Tournai et d’un diverticule (chemin secondaire) menant vers la ville naissante de Valenciennes. Ces facteurs ont probablement contribué à concentrer l'activité économique et la population dans un nouveau centre, transformant ainsi une simple occupation rurale en un village médiéval.

Du point de vue historique, on note une mention de don, vers 640, du domaine d’Onnaing (fisc royal ?) par Dagobert Ier à l’Evêque Aubert de Cambrai. Au Xe siècle, Onnaing est cité dans une charte de Charles le Simple. Au XIe siècle, l'église d'Onnaing est mentionnée par l'archevêque de Cambrai.

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Plan de la fouille d'Onnaing.

© Marc Canonne et François De Quick , Inrap

 

Une occupation médiévale

Durant la période médiévale (XIIIe-XIVe siècles), un vaste fossé encercle potentiellement un espace à vocation agricole (ferme ?). Peu de structures médiévales ont été identifiées à l'intérieur de cet enclos. Néanmoins, le fossé est riche en mobilier (céramique), témoignant d'une présence humaine et d’activités artisanales à proximité immédiate du fossé. De l'époque médiévale à nos jours, l'espace a été relativement épargné par les constructions. Il semble avoir joué un rôle de prairie, de verger et également de jardin.

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Briques encore en place sur la sole du four à briques.

 © François De Quick , Inrap

Un four à briques a été partiellement mis au jour en bordure du site. D’une largeur de neuf mètres et d'une longueur indéterminée, ce type de four avait la capacité de produire des dizaines de milliers de briques. Les premiers éléments de datation suggèrent une construction vers le XVIIIe siècle. Ce four, de nature temporaire et répondant à un besoin ponctuel, peut être rattaché à la catégorie des fours de briquetiers connus sous le nom de « fours à briques en meule ». Le combustible utilisé était un mélange de bois et de charbon minéral. Les briques produites ont probablement été utilisées pour la construction ou la reconstruction de bâtiments à proximité, peut-être à la suite d’incendies mentionnés en 1750 et 1790.

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Vue du chantier d’Onnaing.

© François De Quick , Inrap

Aménagement : Habitat Hauts-de-France et la commune d’Onnaing
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Hauts-de-France)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : François De Quick, Inrap