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Archaeology, Inequalities and DiEt (AIDE) - Archaeology assisted by stable isotopes
Coordinateur : Rozenn Colleter (Inrap, UMR 5288 AMIS)
Participants : Michael Richards (FSU), Klervia Jaouen (CNRS - UMR 5563 GET)
Le projet AIDE a reçu un financement du programme de recherche et d’innovation Horizon 2020 de l’Union européenne dans le cadre de la convention de subvention Marie Skłodowska-Curie n° 897565.
Les recherches sur les inégalités sociales et leur répercussion biologique sont au cœur des sciences humaines et sociales. Ce n’est que très récemment qu’il a été établi que les conditions économiques et sociales des humains affectaient aussi fortement leur santé tout au long de leur vie. Au début du XXIe siècle, le Centre pour la santé de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a cherché à sensibiliser les décideurs et professionnels de santé publique aux déterminants sociaux de la santé. Les inégalités sociales reflètent en effet les modes de vie et se répercutent de façon inéquitable sur des états de santé ou selon la place de l’individu dans la société. Ainsi, par exemple, la différence de l’espérance de vie en France entre cadres et ouvriers est actuellement de 6 ans, et atteint même 10 ans quand on considère une espérance de vie sans incapacité. Les personnes en bas de l’échelle sociale sont au moins deux fois plus exposées au risque de maladie grave ou de décès prématuré que ceux situés en haut de l’échelle.
Qu’en était-il dans les populations anciennes ? Quelles que soient l’époque ou l’aire géographique envisagées, le sujet est régulièrement débattu par les archéologues et les anthropologues. Puisque l’environnement économique et social des individus impacte l’alimentation et la santé, la question des inégalités peut être abordée en utilisant les données paléo-ostéologiques recueillies par l’archéologie. De nos jours, le développement de l’archéologie préventive sur le territoire français permet de mettre au jour, chaque année, des milliers de squelettes humains de toutes périodes, véritables documents de première main pour appréhender, de façon dynamique, les modes de vie anciens. La confrontation des données issues des observations ostéométriques, pathologiques ou encore des analyses isotopiques sur les restes osseux, vise à caractériser l’état sanitaire de ces sociétés. Des hypothèses peuvent alors être formulées sur les inégalités qu’elles véhiculaient et des comparaisons avec des sociétés contemporaines sont possibles.
Pratiques funéraires différentes selon l'origine économique et sociale du défunt : Louise de Quengo, aristocrate inhumée en 1656 dans un cercueil en plomb dans le couvent des Jacobins de Rennes (35), et la sépulture d'un enfant du haut Moyen Âge retrouvée en bordure de la nécropole d'Olonne-sur-Mer (85).
Rozenn Colleter, Inrap
Le projet AIDE porté par Rozenn Colleter (archéo-anthropologue à l’Inrap et chercheure associée à l’UMR 5288 du CNRS) et développé dans le cadre d'une bourse postdoctorale Marie Sklodowska-Curie, propose de travailler sur l’étude des acides aminés à partir d'isotopes stables de carbone et d'azote extraits de squelettes archéologiques pour générer des profils alimentaires de populations passées et observer d'éventuelles inégalités. En travaillant à partir de sites archéologiques, des hypothèses concernant des groupes socio-économiques peuvent être émises et confrontées aux résultats des analyses isotopiques. Le but ultime est de savoir si les marqueurs alimentaires sont appropriés pour observer les inégalités, quelle que soit la période chronologique ou l'environnement culturel.
Pour en savoir plus : https://archeoinega.hypotheses.org/