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Archéologie, ethnologie, les muses de la galerie

Émissions de radio

Publié le

21 mars 2025

Mis à jour le

29 avril 2025

Collection

L'Entretien archéologique

Pour découvrir l’archéologie d’aujourd’hui, ses sciences connexes, mais aussi approcher et décrypter ce que la discipline recouvre de concepts, de modèles, "L'Entretien archéologique" retrace les avancées de la recherche française et internationale, parcourt terrains, chantiers et laboratoires. À écouter le vendredi de 16h30 à 17h sur France Culture.

Une coproduction de France Culture et Inrap.

Avec Philippe Peltier, conservateur général honoraire du patrimoine

Visite de l’exposition “Objets en questions : Archéologie, ethnologie, avant-garde” au Musée du Quai Branly-Jacques Chirac. Comment l’archéologie et l’ethnologie ont-elles influencé les arts plastiques dans l’entre deux guerres? Comment ces deux sciences de terrain ont-elles transfiguré les musées ?

Entre archéologie, ethnologie et beaux arts : l’objet en question

Au tournant des années 1930, l’archéologie et l’ethnologie connaissent une popularité renouvelée et influent sur de nombreux champs de réflexion et de création.

Les campagnes de fouilles archéologiques, adoptant une méthodologie de récolte strate par strate, accordant une importance croissante à tous les objets découverts y compris les plus modestes, inondent les musées d’objets qu’il faut recenser, classer et exposer. Cette abondance soudaine d'objets conduit à repenser la muséographie et à accorder une place à ces objets fonctionnels qui n’ont pas forcément été conçus comme des œuvres et qui ont pendant longtemps été déconsidérés.

Statuette féminine (2700-2300 av J.-C. - Cycladique ancien II (2800-2300 av J.-C.)-3e millénaire av. J.-C- idole de la variété de Spédos) - GrandPalaisRmn (musée du Louvre) / Stéphane Maréchalle

Entre œuvre d’art et document, quel statut conférer à ces objets qui prennent place dans les vitrines et font l’objet d’expositions d’un genre nouveau ? C’est l’une des nombreuses questions que pose l’exposition “Objets en question : archéologie, ethnologie, avant-garde” au Musée du Quai Branly-Jacques Chirac.

Vues de l'exposition "Objets en question" - Musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo Léo Delafontaine

Des revues d’avant-garde témoins d’un changement d’idéal esthétique

Organisée en quatre temps, quatre “constellations” intitulée “Terrain”, “Fouilles”, “Le Double musée” et “Cadavre exquis”, l’exposition propose de voir aussi bien des objets récoltés durant des campagnes de fouilles archéologiques et ethnologiques que des images issues de revues d’avant garde intitulées Documents, Cahiers d’art et Minotaure.

Revue Minotaure n°1. Éditions Albert Skira (Paris), 1933 / Dates de l'exposition : 11 févr. 2025 - 22 juin 2025 - Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Ces revues animées par des personnalités comme Georges Bataille, Albert Skira ou Christian Zervos accueillent des textes de critiques d’arts, de muséologues, d’historiens de l’art, d'archéologues ou encore d’ethnologues. Parmi ces textes, retenons celui du muséologue Georges-Henri Rivière, figure clé du musée d’ethnographie du Trocadéro qui deviendra le Musée de l’Homme, intitulé “Archéologismes” et paru en 1936 dans Cahiers d’arts. Dans ce texte, Rivière décrit le changement d’idéal esthétique qui s’opère à cette époque. Fini l’idéal grec antique, le goût nouveau va aux arts des peuples qualifiés alors de “primitifs” et aux objets des sociétés humaines originelles retrouvés par les archéologues. Ces objets récoltés par les archéologues et les ethnologues exercent en effet une puissante influence sur les artistes de l’époque qui y trouvent une source nouvelle d’inspiration. Ils leur permettent également de brouiller les codes esthétiques jusqu’alors majoritaires et de proposer des œuvres d’un genre nouveau difficiles à situer dans l’espace et le temps.