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Ou comment, de « belles pièces » suscitant l’admiration ou la convoitise, les vestiges du passé deviennent des « documents » qu’il faut apprendre à analyser et à interpréter.
S’il est vrai que la quête des vestiges s’est souvent apparentée à une chasse aux trésors, les objets archéologiques eux-mêmes ont rarement été cantonnés au statut de belles pièces de valeur exclusivement artistique ou commerciale. Même si la collecte et l’accumulation d’antiquités ont pu devenir une véritable obsession pour nombre d’amateurs fortunés et de souverains en quête de légitimité, leur sélection et leur organisation ont la plupart du temps donné lieu à des comparaisons et des déductions instructives.
Clercs de l’Antiquité ou du monde médiéval, antiquaires de la Renaissance ou des Lumières, et bien sûr érudits et archéologues depuis le XIXe siècle, tous ceux qui ont exhumé ou manipulé des vestiges anciens ont tenté de les caractériser, de les étudier puis de les interpréter. Chacun à sa manière, suivant sa méthodologie et ses ambitions propres, en a fait des sources de connaissance, de véritables « documents » à partir desquels il devient possible de restituer l’histoire des sociétés humaines, de leurs milieux et de leurs interactions.
Quelles démarches ont été appliquées à ces vestiges extraits du sol ou déjà présents dans les musées et les collections ? Quels moyens ont été mis en œuvre pour identifier les auteurs de ces artefacts (objets portant la marque d’une transformation d’origine humaine), le lieu, l’époque, les techniques et les raisons de leur production ? Des approches typologiques ont longtemps dominé, privilégiant la forme des objets comme indicateurs chronologiques et culturels. La notion d’« assemblage » a permis d’élargir les perspectives et de faire place à des considérations technologiques portant sur les fonctions et les modes de fonctionnement de ces objets. Quant à l’étude des processus de leur fabrication, elle s’appuie sur le développement de l’archéométrie (étude physico-chimique des matériaux archéologiques et de leurs propriétés) ainsi que sur l’archéologie expérimentale.