Les vestiges antiques de l’avenue du général de Gaulle (Basse Normandie, Calvados, Port-en-Bessin-Huppain)

Sous-titre

Rapport de fouille 2015

Numéro DAP
27
Image d'entête
DAP 27 | Port-en-Bessin-Huppain « Avenue du général de Gaulle » (Calvados)
Média
DAP 27 | Port-en-Bessin-Huppain « Avenue du général de Gaulle » (Calvados)
date expertise
décembre 2015
date achevement
juin 2015
Paragraphes

Une fouille a été réalisée en juin 2013 sur 4215 m² en rive gauche du fond d’estran, près du cimetière et de l’ancienne église disparue de Port-en-Bessin (Calvados), sur des terrains destinés à la construction de logements par la société Parthélios Habitat. Les vestiges découverts se développent au-delà de l’emprise décapée. La première implantation est matérialisée par deux angles de fossés du côté ouest de l’emprise. Faute de mobilier dans les comblements, ces aménagements sont placés avant le début de l’Antiquité par le biais de la stratigraphie.

Au Ier s. av. J.-C. et jusqu'au début du Ier s. ap. J.-C., une occupation antique pérenne et structurée, délimitée par un imposant fossé, voit la mise en place d’un bâtiment maçonné à contreforts et d’un mur de clôture. Entre le Ier s. et le début du IIIe s. ap. J.-C. s’ouvre la principale phase de développement et de fonctionnement du site, qui se décompose en trois séquences qui demeurent encore difficiles à dater précisément.

Dans la séquence 1, les éléments de la phase précédente sont maintenus et complété par de nouveaux fossés et par un appentis adossé contre la face extérieure du mur de clôture. La seconde séquence voit la disparition du bâtiment à contreforts au profit d’un édifice rectangulaire à exèdre possédant un foyer en son centre. À cette occasion, le passage dans le mur d’enceinte est réduit et la limite de propriété vient presque s’accoler au bâtiment. La dernière séquence est marquée par une ultime modification des architectures maçonnées, avec le remplacement de l’édifice précédant par une nouvelle construction plus exiguë, au nord-ouest du passage dans le mur d’enceinte, et la remise en service du premier fossé. Un bâtiment à ossature de bois prend place dans la bande de terrain récupérée entre le mur d’enceinte et le fossé. Entre le IIIe et le IVe s. ap. J.-C. l’abandon et le démantèlement du site sont effectifs et cette phase n’est marquée que par des pertes monétaires autour des bâtiments désaffectés.

Enfin, de la fin de l’Antiquité jusqu’à nos jours on signalera les traces d’ornières correspondant à un possible chemin conduisant à l’église (?), antérieur à la pose d’un câble électrique, datant peut-être de la Seconde Guerre mondiale.

Cette première opération archéologique préventive, conduite dans le périmètre de signalement de vestiges antiques situés la rive gauche de l’estran, a ouvert une fenêtre extrêmement instructive sur la nature, la qualité et la chronologie des aménagements conservés. Elle fut également l’occasion de rouvrir le débat sur le possible exutoire maritime du chef-lieu de cité antique, l’hypothèse d’une agglomération portuaire, le caractère stratégique qui en découle, etc., en repartant de la documentation disponible et en dépassant le contexte restrictif de la plaine fermée de Commes/Port-en-Bessin. Sur cette question, le travail d’analyse du réseau ancien conduit dans le cadre du PCR Arbano, a démontré en 2015 (Allinne et Léon, 2015, p. 332‑333) que la relation terrestre de Bayeux – Augustodurum, chef-lieu de cité des Baïocasses – à Port-en-Bessin – « portus » principal désigné par l’historiographie – ne s’établissait pas de manière aussi directe et flagrante que l’on pourrait l’attendre dans un tel cas de figure.

Ainsi, en 2014, lors de la rédaction du rapport, les données relatives à la relation au littoral ou plus largement au domaine maritime (commerce et exploitation) par l’intermédiaire du mobilier apparaissaient limitées et peu explicites. Les quelques pièces de l’instrumentum qui évoquaient des activités de pêche (poids, harpon…) ne constituaient pas un corpus suffisamment étoffé pour l’envisager dans le cadre d’une exploitation à grande échelle et à des fins d’exportation. Les quantités et le panel de coquillage rejetés n’étaient pas davantage démonstratifs. Pour une part collectée sur le littoral (moule, coques, Saint-Jacques, bulots, patelles) et pour une autre sans doute importée (huîtres), ils traduisent avant tout des produits consommés sur place. Toutefois, la présence d’un grand clou en bronze à tête prismatique , Type Feugère D2 (Feugère, 2004, p. 205) dans les couches en relation avec le bâtiment à contrefort, exemplaire caractéristique de la charpenterie navale au regard des comparaisons disponibles [1] mais insuffisamment pris en compte à l’époque, évoque franchement l’existence d’un chantier de construction de navire autour du site.

Enfin, si l’existence d’un bâtiment à contreforts orientait vers la fonction de stockage et par extension vers l’éventualité d’un entrepôt en relation avec une activité portuaire au sein d’une agglomération, la faible densité de la dotation architecturale et le périmètre fort peu étendu des découvertes anciennes (à peine 3 ha autour de l’ancienne église, site actuel compris) ajoutés à l’absence d’un mobilier caractéristique, ne militaient pas pour une telle activité ou pour une configuration d’habitat aggloméré. Cette analyse est aujourd’hui fortement à nuancer. L’hypothèse que Port-en-Bessin puisse être un port actif à l’époque romaine peut s’envisager dans le cadre plus large et non exclusif de la seule relation au chef-lieu, par exemple celui de l’exploitation artisanale des ressources marines, de la pêche vivrière ou de la redistribution de produits par cabotage tout le long du littoral de la Baie de Seine. La présence de telles activités est désormais attestée sur le site voisin de Commes où les pourpres Nucella Lapillus servent à fabriquer des teintures (Allinne et al., 2021 ; Allinne, 2021). On trouve également sur ce site un bâtiment à contreforts (Allinne, 2019). Le PCR « Face à la Mer », engagé en 2019, intègre ces perspectives de recherches et le site de Port-en-Bessin fait partie des principaux acteurs de cette relecture (Paez-Rezende dans Léon et al., 2021, p. 51‑53).

1

Comparable à des exemplaires sortis du Rhône et présentés au musée départemental de Arles Antique, ou à celui de Martigues, Les Laurons.

Sommaire

I. Données administratives, techniques et scientifiques

II. Résultats

1. Présentation de l’opération

1.1. Situation géographique et cadre de l’intervention
1.2. Rappel des résultats du diagnostic
1.3. Problématique et objectifs de l’intervention
1.4. Déroulement de l’intervention et méthodologie
1.5. Bilan technique et opérationnel

2. Présentation générale du site et de son environnement

2.1. Le site dans son contexte naturel
2.2. Les données archéologiques couvrant la période gallo-romaine

3. Analyse descriptive et fonctionnelle des vestiges

3.1. État de conservation des vestiges et stratigraphie
3.2. Les réseau de fossés
3.3. Les architectures
3.4. Les vestiges d’accompagnement de l’habitat et des activités
3.5. Les traces d’une voirie
3.6. Un vestige contemporain

4. Les études

4.1. La céramique antique
4.2. L’instrumentum
4.3. Le numéraire
4.4. Le verre
4.5. Rapport d’inventaire de la faune
4.6. Un vestige contemporain

5. L’organisation des vestiges par phases

5.1. Les vestiges non phasés et les vestiges présumés gallo-romains au sens large
5.2. Les vestiges antérieurs au début de l’Antiquité (phase 1)
5.3. L’implantation d’une occupation antique structurée (phase 2 : Ier s. av. J.-C. – début du Ier s. ap.
J.-C.)
5.4. La phase principale de développement et de fonctionnement (phase 3 : Ier s. – début du IIIe s. ap. J.-C.)
5.5. L’abandon et le démantèlement ? (phase 4 : IIIe – IVe s. ap. J.-C.)
5.6. Les traces post-antiques (phase 5)

6. Éléments de synthèse

6.1. Un point sur l’organisation du site et sur l’architecture
6.2. Discussion autour de la qualification du site
6.3. Situation de Port-en-Bessin dans le réseau de circulation ancien

Bibliographie et documents

Liste des figures

III. Inventaires techniques

Bibliographie / Ressources

Rapport de fouille

PAEZ-REZENDE, Laurent (dir.). (2015). Port-en-Bessin, Calvados, Les vestiges antiques de l’avenue du Général de Gaulle (Rapport de fouille, 1 vol.). Cesson-Sévigné : Inrap Grand-Ouest. <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0137360>.

Rapport de diagnostic

CARPENTIER, Vincent (dir.). (2013). Port-en-Bessin, Calvados, Vestiges d’un vicus portuaire antique, avenue du Général de Gaulle (Rapport de diagnostic, 1 vol.). Cesson-Sévigné : Inrap Grand-Ouest. <https://dolia.inrap.fr/flora/ark:/64298/0127424>.

Rapports d'activités cités dans l'introduction

LÉON, Gaël, FLOTTÉ, David, GHESQUIÈRE, Emmanuel, LEPAUMIER, Hubert, MARCIGNY, Cyril, PAEZ-REZENDE, Laurent, ROPARS, Anne & THEVENET, Corinne. (2021). FALM - Face à la Mer : Projet Collectif de Recherche (Rapport d'activité 2019-2020). Bourguébus : Inrap Grand-Ouest. 150 p.

ALLINNE, Cécile & LÉON, Gaël. (2015). Arbano, L’Antiquité en Basse-Normandie : Projet collectif de recherche (Rapport d'activité 2015, 5e année). Caen : Groupe Antiquité. 497 p.

Publications citées dans l'introduction

ALLINNE, Cécile. (2021). Commes – Le Dessous des Cotis. Programme d’analyses (2018). ADLFI. Archéologie de la France - Informations. <https://journals.openedition.org/adlfi/74678>.

ALLINNE, Cécile, QUÉVILLON, Sophie, THIERRY, Marc-Antoine, DUPONT, Catherine, RUPIN, Gwendoline & GUIHARD, Pierre-Marie. (2021). Commes – Le Bourg. Programme d’analyses (2017). ADLFI. Archéologie de la France - Informations. <https://journals.openedition.org/adlfi/72728>.

ALLINNE, Cécile. (2019). Commes – Lotissement « Le Dessous des Cotis ». Fouille programmée (2015). ADLFI. Archéologie de la France - Informations. <https://journals.openedition.org/adlfi/24122>.

FEUGÈRE, Michel. (2004). Annexe [Les nécropoles de Vernègues (B.-du-Rh.). Deux ensembles funéraires du Haut-Empire à la périphérie d'une agglomération secondaire]. Pour une typologie de la clouterie antique. Revue archéologique de Narbonnaise, 37 (1), 205‑209. <https://www.persee.fr/doc/ran_0557-7705_2004_num_37_1_1694>.

Citations

PAEZ-REZENDE, Laurent (dir.), BARTHÉLÉMY, Céline, CHANSON, Karine, GUIHARD, Pierre-Marie, LÉON, Gaël, MARIE, Amélie, PALLUAU, Jean-Marc, VIPARD, Laurent & WARDIUS, Christophe. (2022). Les vestiges antiques de l’avenue du général de Gaulle (Basse Normandie, Calvados, Port-en-Bessin-Huppain)  : Rapport de fouille 2015 (1 vol.). Paris : Inrap. (Documents d’archéologie préventive ; 27). <https://doi.org/10.34692/0p6b-x698>.

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