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Archaeology of earthen architecture in the western Mediterranean, with particular regard to southern France
Conférence donnée par Alessandro Peinetti (Inrap Auvergne–Rhône-Alpes, UMR 5140 ASM, Université dé Bologne) dans le cadre d'un cycle organisé par la Société archéologique de Malte en collaboration avec le Département de lettres classiques et d'archéologie de l'Université de Malte.
La terre crue a été largement utilisée depuis le Néolithique et reste le matériau de construction le plus répandu dans le monde aujourd'hui. On estime qu'un tiers de l'humanité vit dans une habitation en terre. L'architecture en terre, qu'elle soit simple ou monumentale, se retrouve dans des contextes variés et répond à des besoins très divers. La terre crue est également un matériau largement utilisé dans l'architecture vernaculaire européenne sous ses différentes formes : brique crue, motte de terre découpée, pisé, torchis, torchis, construction de planchers et façonnage de meubles. Bien qu'occultés dans le paysage urbain et rural actuel, les matériaux en terre ont toujours été utilisés à des fins architecturales, parfois en association avec d'autres matériaux (bois, pierre), tant en Europe continentale et septentrionale que sur le pourtour méditerranéen.
Au début des années 1980, un vif intérêt pour la construction en terre crue s'est développé en France dans le cadre de recherches archéologiques, parallèlement à l'essor d'un mouvement architectural désireux de promouvoir des procédés de construction basés sur ce matériau, qui revêtent également une dimension écologique et sociale (voir, par exemple, les travaux de CRATERRE).
En archéologie, les fouilles menées sur le site de l'âge du fer de Lattara (Lattes, Hérault) dans les années 1980 et 1990 ont permis d'identifier des architectures en brique crue et en torchis. Ces découvertes ont largement contribué à relancer la recherche sur l'architecture en terre dans le sud de la France et à sensibiliser toute une génération de chercheurs à l'identification et à la caractérisation technologique de ce type d'architecture. La fin du XXe siècle et les années 2000 marquent un nouveau tournant dans la recherche, notamment dans le domaine de l'archéologie préventive à l'Inrap . Ces recherches ont permis de découvrir des constructions en terre du Néolithique en Languedoc et en Provence, ainsi que des maisons des XIIIe et XIVe siècles entièrement construites en terre crue, dont beaucoup subsistent encore aujourd'hui. Par la suite, les fouilles d'archéologie préventive ont également permis d'identifier l'utilisation de matériaux terreux dans l'aménagement des espaces funéraires du Néolithique à l'âge du Fer, montrant ainsi que l'utilisation de ces matériaux dépasse la simple sphère domestique. Il est désormais avéré que la terre crue est utilisée dans tous les domaines de la construction : militaire (remparts), toutes sortes d'habitations privées ou économiques (entrepôts, caves à vin...) ou encore funéraire. L'exemple de la fouille préventive de l'architecture semi-enterrée du Néolithique supérieur de la sépulture collective du Mas Rouge (Montpellier, Hérault) est à cet égard exemplaire (image principale). Des recherches sur l'utilisation de la terre crue à l'époque romaine sont également en cours de développement et renouvellent profondément notre vision de la ville antique où les constructions en terre crue constituent manifestement l'essentiel de l'architecture domestique...
Pour en savoir plus : https://archsoc.org.mt/event/archaeology-of-earthen-architecture-in-the-western-mediterranean-with-particular-regard-to-southern-france/
Contributeurs
Alessandro Peinetti (Inrap, Auvergne – Rhône-Alpes, France ; UMR 5140 ASM ; Università di Bologna) ; Emilie Leal (Inrap Midi-Méditerranée ; UMR 5140 ASM) ; Julia Wattez (Inrap Centre–Île-de-France ; UMR 5140 ASM).