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Brèves du Bronze : une faucille à douille à Val-de-Reuil (Eure)
À l'occasion de la saison scientifique et culturelle de l'Inrap, des archéologues racontent des fouilles et des objets de l'âge du Bronze qui les ont marqués. Aujourd'hui, une rare faucille à douille de type britannique à Val-de-Reuil (Eure).
Une faucille à douille de type britannique, dont on connait très peu d’exemplaires sur le continent, a été découverte en basse vallée de Seine, sur le site du Suret à Val-de-Reuil dans l’Eure. Elle gisait dans une petite fosse, aux côtés d’un vase à cordon digité et de grès brûlés.

Val-de-Reuil, Le Suret (Eure) : faucille à douille de type britannique datée de la fin de l’âge du Bronze, vue de face.
© S. Le Maho, Inrap
La faucille, en alliage cuivreux, est très bien conservée si ce n’est une cassure de la pointe (longueur 134 mm, hauteur 50 mm, poids 104 g). Les bords externes de la lame sont ébréchés, signe que l’objet a bel et bien servi. La douille, ornée de deux moulures, est pourvue d’un anneau latéral pour suspendre l’outil et de deux trous de goupille pour y fixer le manche. L’une des chevilles, possiblement en os, est préservée en place. Des restes du manche en bois sont conservés dans la douille. Leur mauvais état n’a permis de lister que cinq taxons potentiels : saule, peuplier, aulne glutineux, charme et noisetier, avec une préférence pour le saule d’après les indices observés par la xylologue (B. Lecomte-Schmitt, Inrap). L’objet a été daté, par analyse radiocarbone, de l’âge du Bronze final atlantique (Xe-IXe av. J.-C.)

Val-de-Reuil, Le Suret (Eure) : faucille à douille de type britannique datée de la fin de l’âge du Bronze, vue de profil.
© S. Le Maho, Inrap
Originaire des îles britanniques, ce type de faucille à douille est rare en France, seule une dizaine d’exemplaires sont répertoriés qui se concentrent sur les côtes de la Manche (vallées de la Somme et de la Seine) et le littoral atlantique. Dans la vallée de la Seine, deux exemplaires étaient jusqu’alors connus, l’un provenant de Vernon (Eure), l’autre sorti du fleuve à Paris. Cet objet témoigne des réseaux d’échanges qui unissent les deux rives de la Manche à la fin de l’âge du Bronze et met l’accent sur la fréquentation des axes fluviaux majeurs et sur la circulation du métal dans le grand domaine atlantique.
Claire Beurion, Inrap