Avant l'aménagement d'une large promenade piétonne entre le château des Ducs de Bretagne et le cours des 50 otages, une fouille a été menée à partir de janvier 2011 pendant neuf mois.
Dernière modification
19 février 2016

Les recherches en archives, conduites en amont de la fouille, avaient mis en évidence le potentiel archéologique d'un des quartiers les plus anciens de la capitale régionale. La fouille permet d'étudier l'évolution de la topographie historique du coeur de la ville, de l'Antiquité à nos jours. Un des objectifs des archéologues est d'aborder, sur des profondeurs variant de 1,60 à 3 mètres, une partie des strates archéologiques qui, pour cette partie de la ville, peuvent atteindre jusqu'à 7 mètres d'épaisseur. L'évolution des systèmes défensifs de la ville et la relation entre la cité et la Loire, tout au long de cette période, constituent les points forts de la fouille. 

La place du Bouffay

La place du Bouffay
La place, lieu central de la cité, est associée à plusieurs édifices importants dont des vestiges sont susceptibles d'être mis au jour. Au sud, l'Hôtel de la Monnaie, daté de 1480, était adossé à l'enceinte médiévale, à la jonction avec l'actuelle allée du Port-Maillard. À l'ouest, le château du Bouffay, lieu de résidence des ducs de Bretagne, constitue, depuis le Xe siècle, un pôle politique majeur de la ville. Sous l'Ancien Régime, il fait office de tribunal et de prison.
Des vestiges d'un bâtiment en bois et terre attenant au mur de la fortification médiévale ont été fouillés. Il s'agit d'un pan de l'habitat civil urbain, encore méconnu et pour lequel les connaissances seront dorénavant enrichies. Des voiries et sols successifs illustrent le phénomène d'exhaussement des niveaux d'occupation du Moyen Âge à nos jours. L'un des enjeux principaux de la fouille est de comprendre l'évolution du tissu urbain et notamment de découvrir le moment auquel cet espace devient une place publique.

La muraille antique

La fortification gallo-romaine est probablement construite au IIIe siècle. La muraille est encore visible en plusieurs endroits de la ville. Des vestiges ont été mis au jour sur la place du Bouffay
mais sa configuration exacte, soulève des interrogations. Elle a probablement été abandonnée au cours du Moyen Âge, une partie des matériaux étant réutilisée pour de nouvelles constructions. Les archéologues sont donc particulièrement vigilants sur les états et strates liés à cet abandon que l'on suppose lié à la construction de la fortification du XIIIe siècle.
De manière indirecte le tracé de l'enceinte pose la question de la relation entre la ville antique, son port et la Loire. La fouille conduite par les archéologues de la Dparc à l'emplacement du carré Feydeau, ainsi que les recherches menées à Saint-Lupien coordonnées par la Ville de Rezé et l'Université de Nantes font écho à cette problématique cruciale de l'histoire urbaine.

La fortification médiévale

Le tracé des fortifications médiévales est connu dans ses grandes lignes, les défenses de la ville étant signalées sur plusieurs documents d'archives. La fortification est progressivement détruite au cours des XVIIIe-XIXe siècles pour quasiment disparaître du paysage urbain contemporain même si des éléments sont encore visibles dans la ville actuelle.
Les découvertes faites au niveau de la rue de la Paix (anciennement rue de la Poissonnerie) éclairent sur le tracé exact de l'enceinte ainsi que sur son état de conservation et son mode de construction. Les niveaux de voiries associés ont pu être mis en relation depuis le XVe siècle jusqu'à la démolition du système défensif. L'axe de communication est-ouest, qui reprend l'orientation des allées actuelles, est un des axes névralgiques de la ville à travers les siècles.

La tour Saint-Jacques

Les fortifications, symbole du pouvoir des ducs de Bretagne et composantes majeures de la ville médiévale, ont été construites au XIIIe siècle. Réaménagées à la suite de nombreux conflits, en particulier lors de la guerre de Cent Ans (1337-1453), les murailles subissent au XVe siècle des modifications importantes pour s'adapter à l'arrivée des armes à feu. L'ancienne porte Poissonnière, citée dans les archives du XVe siècle, correspond à l'entrée principale de la ville en direction du Poitou. Elle est composée de deux grosses tours : la Prévôté et Saint-Jacques. L'étude des vestiges de cette dernière, mis au jour lors de la première phase de l'opération sur les allées Flesselles, est une opportunité scientifique. 
En effet, les types de matériaux mis en oeuvre, les étapes de construction de la fortification et la configuration précise de la tour pourront désormais être analysés de façon plus détaillée et  comparés à d'autres parties de l'enceinte.

La Loire et la ville

Sur les plans actuels de la ville, la morphologie urbaine et la toponymie (île Feydeau) évoquent le bras de la Loire qui bordait le sud de la ville et qui fut comblé après la Seconde Guerre mondiale.
Des murs, une partie de cale et des aménagements liés aux quais de la Loire ont été étudiés et localisés avec précision permettant de mieux comprendre comment l'embellissement et les aménagements urbains ont entraîné la destruction de l'enceinte médiévale. Au débouché de la rue du Bon-Secours, les archéologues ont mis au jour une partie de la culée du pont de l'Aiguillon construit au XVIIIe siècle. Des maçonneries, liées à un état plus ancien et fonctionnant peut-être avec le pont en bois médiéval, ont été découvertes. On peut les relier aux tours massives de la fortification qui avançaient dans le cours du fleuve.
L'identification de ces vestiges par l'archéologie fournit des informations inédites ou méconnues (configuration précise, matériaux utilisés, aménagements absents des plans...) qui favorisent la compréhension des mutations urbaines.

Géoarchéologie de la Loire

Trois sondages géotechniques ont été réalisés dans le cadre de cette fouille afin de mieux comprendre la stratigraphie générale des sédiments du fleuve. L'utilisation d'une foreuse a permis d'appréhender la totalité des couches archéologiques, jusqu'à 15 mètres de profondeur, mais de manière ponctuelle.
Le bras de la Loire (sous le tramway actuel) est-il un chenal naturel ou a-t-il été creusé par l'homme ? Les investigations vont tenter de répondre à cette question. Certains textes d'archives mentionnent la réalisation d'un canal artificiel ordonné par l'évêque saint Félix au Ve siècle de notre ère, mais aucune preuve archéologique de cet événement n'a pour l'heure été mise au jour.
Responsables scientifiques : Stéphane Augry et Sébastien Thébaud, Inrap
Aménagement :
Nantes Métropole
Contrôle scientifique :
Service Régional de l'Archéologie, Drac Pays-de-la-Loire