Insulaires ou continentale, les Petites Antilles et la Guyane connaissent une urbanisation soutenue par une forte démographie. La modification continue des paysages est propice à la mise en évidence d’un riche patrimoine archéologique dispersé sur l’ensemble de ces territoires habités depuis plusieurs millénaires.

Mis à jour le
31 janvier 2022

Émergence de l'archéologie et accélération des interventions préventives

Dans les départements français des Amériques, l’histoire ancienne, avant la conquête, est restée longtemps sans résonance, faute de documents, en particulier dans des aires géographiques difficiles d’accès. Il faut attendre l’extrême fin du XXe siècle pour voir émerger une archéologie professionnelle et systématique, liée à l’aménagement du territoire.

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Intervention en forêt profonde, déboisement du site de Yaou (Guyane), 2006.

© Inrap, DR

À partir de 1992 pour la Guyane et de 2000 pour la Guadeloupe puis la Martinique, de grands chantiers préventifs voient le jour. Le paysage archéologique change, mettant en évidence l’impact des civilisations amérindiennes et, pour les périodes récentes, l’économie des plantations, l’esclavage ou l’exploitation aurifère. L’archéologie, au cours de la dernière décennie, est avant tout marquée par l’accélération des interventions, la production de synthèses et le développement de recherches transversales, principalement suscités par l’Inrap.


Nouvelle chronologie des occupations de la Guyane

En Guyane, l’Institut a révélé l’ancienneté de l’occupation amérindienne, vieille de 7 200 ans et bouleversé la chronologie préhistorique. L’Inrap a surtout montré l’impact de l’homme sur l’environnement forestier et démontré l’aménagement ancien du territoire à travers, par exemple, des « montagnes couronnées » (200 avant notre ère-1600 de notre ère). Il a mis en évidence l’extraordinaire densité de l’occupation humaine ancienne : deux sites au kilomètre carré. 90 % d’entre eux sont amérindiens. Ces découvertes ont totalement renouvelé la recherche dans les marches septentrionales du bassin amazonien.
Les archéologues se sont largement investis dans la recherche sur le passé des populations amérindiennes, bushinguées (noirs marrons), créoles ou européennes, en milieux forestiers, littoraux ou urbains.
 

Peuplement des petites Antilles

Dans les Petites Antilles, l’Inrap a renouvelé la chronologie, en découvrant le plus ancien peuplement connu dans l’archipel de la Guadeloupe : des groupes arawaks, originaires du continent américain s’implantant à Saint-Martin voici 5 400 ans. Ce groupe, identifié à Puerto Rico et dans le nord des Petites Antilles, est associé aux premières migrations de populations possédant de la céramique. Des sites de cultures Huécoïde et Saladoïde ont été fouillés à Sainte-Rose-la-Ramée, Bisdary-sur-Gourbeyre, les Étangs rouges et les Terres Basses à Saint-Martin, et Trois-Rivières.

Parallèlement et qu’il s’agisse de la Guyane, de la Martinique ou de la Guadeloupe, des sites aux puissantes stratigraphies ont montré la complexité insoupçonnée d’implantations, parfois récentes : plateau des Mines (Maripasoula, Guyane), grande Anse (Trois Rivières, Guadeloupe), Château Dubuc (La Trinité, Martinique).

Diversité des découvertes dans l'Océan indien

Les interventions de l’Inrap dans l’océan Indien sont récentes. Elles débutent à La Réunion par des recherches sur le tracé d’une nouvelle route littorale entre Saint-Denis et La Possession. La première fouille préventive terrestre est entreprise en 2014 sur les vestiges de la sucrerie de Grand-Fond. Depuis, bien des opérations ont été menées dont la fouille des vestiges d’un habitat du XVIIIe siècle, à Saint Paul, révélant une importante culture matérielle dont des céramiques importées de France et d’Angleterre, mais aussi de Chine. Une des études les plus étonnantes est celle du Plateau de l’îlet à Guillaume qui abrite les vestiges d’une colonie pénitentiaire pour enfants entre 1864 à 1879.

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Relevé d’une ancre lors du diagnostic de la nouvelle route du littoral,La Possession, Saint-Denis, La Réunion.

© Inrap DR, La Réunion, route du littoral

Entre 2006 et 2013, les fouilles archéologiques conduites sur l’île de Tromelin redonnent la parole aux esclaves malgaches qui, à partir de 1761 et pendant quinze ans, vécurent, abandonnés, sur ce minuscule écueil des îles Éparses (Terres australes et antarctiques françaises). Ces recherches sont emblématiques des travaux dans l’océan Indien sur les traces de l’esclavage colonial.

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Récipients en cuivre, mis au jour sur l'île de Tromelin.

© Thomas Romon, Inrap

101e département français, Mayotte au milieu du canal du Mozambique est aussi l’objet de recherches depuis 2014, au travers de la fouille d’une petite usine sucrière du XIXe siècle : le domaine de Coconi. La mosquée de Tsingoni, monument historique classé, est la plus ancienne mosquée de France, longtemps attribuée au XVIe siècle. Les recherches de l’Inrap ont mis au jour des vestiges du XIIIsiècle, mais aussi un premier édifice cultuel édifié au XIVe siècle. 

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Vue générale de l'ancienne usine sucrière du Domaine de Coconi avec au premier plan le moulin à cannes, en cours de fouille à Ouangani (Mayotte).

© Xavier Peixoto, Inrap