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Cherbourg-Bus nouvelle génération à Cherbourg-en-Cotentin
La fouille du premier des cinq secteurs d’investigation (Pont-Tournant) a débuté le 2 mai 2023 pendant 4 semaines, en amont des travaux liés au projet de Bus Nouvelle Génération à Cherbourg-en-Cotentin.
La fouille de ce secteur couvre une surface de 1660 m ² . Un décapage extensif et quatre sondages ont permis de mettre au jour une partie des fortifications urbaines de la ville médiévale et moderne. L’enceinte ponctuée de ses tours et de ses bastions ferme la ville en y incluant le château cité dans les textes pour la première fois au XIe siècle. La totalité des vestiges de la tour nommée « tour du Moulin » sur le plan de Gomboust daté de la seconde moitié du XVIIe siècle, a été dégagée dans l’emprise. Il en est de même pour 24 mètres du rempart sud et 10 mètres du rempart ouest qu’elle reliait. Cette tour, située entre celle des Sarrasins construite dans la seconde moitié du XVe siècle et le bastion du Moulin édifié au XVIe siècle, dominait et surveillait l’estuaire de la Divette qui faisait transition entre l’intérieur des terres et le large. Elle tiendrait son nom d’un moulin à marée visible sur les plans des XVIIe et XVIIIe siècles qui serait assis sur le rempart et actionné grâce aux eaux du fleuve. Edifiée dès la construction des premières fortifications médiévales autour de 1300, la tour a été dégagée par endroit sur un mètre de hauteur. Comme la courtine, la maçonnerie de
la tour est construite avec des plaquettes et des moellons de grès et de schiste bleu liés au
mortier de sable et de chaux. De forme légèrement ovalaire, son envergure fait 6.5 m et sa maçonnerie, plus de 1.80 m de large. A l’intérieur de l’édifice, plusieurs phases d’occupation siècle et de réfections comportant de la céramique du XIVe ont pu être étudiées. La courtine, chainée à la tour, mesure au niveau de son arasement entre 1.20 et 1.60 m de large mais présente un fruit extérieur qui fait soupçonner une épaisseur bien plus conséquente à sa base non atteinte.
Les maçonneries d’un bâtiment à deux espaces, pourvu d’un sol intérieur construit avec des dalles de schiste bleue noyées dans le mortier, ont également été découvertes. Cet édifice en plaquette de grès et de schiste est édifié contre la face externe du rempart après l’arasement de la tour, probablement à la fin du XVIIe siècle. En dépit des préconisations de Vauban, une grande partie des fortifications urbaines sont en effet détruites sur ordre de Louvois, ministre de Louis XIV, pour démanteler la place forte face à la menace anglaise. Le rempart n’est pas complètement abattu car encore utilisé comme mur de bâtiment. L’édifice est comblé entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle. Sa destruction est peut-être à mettre en rapport avec la mise en place d’une plateforme avancée vers le port du Commerce créé à la fin du XVIIIe siècle. L’étude documentaire en cours permettra peut-être de préciser la fonction de ce bâtiment qui n’est représenté dans aucun des plans connus de Cherbourg. La découverte de cet ensemble pose déjà la question du tracé réel et de l’utilisation des fortifications urbaines de Cherbourg entre la période médiévale et les temps modernes.
Une seconde intervention prévue cet automne au niveau de la place Bricqueville devrait permettre de dégager la tour des Sarrasins et la courtine et ainsi compléter les connaissances sur le mode de construction et l’organisation des fortifications urbaines, en définitive encore mal connues.
Chronique
Une équipe de l'Inrap fouille le secteur du Pont-Tournant à Cherbourg-en-Cotentin et met au jour une partie des fortifications de la ville...
Cyrille Marcigny (DAST)
Benoit Couvert (DDAST)
Dominique Cliquet / Nicola Coulthard (SRA)
Medhi Belarbi (topographie)
Stéphanie Dervin (céramologie)
Marie Duriez (DAO/PAO)
Laurence Ruel
Raphaëlle Lefebvre
James Villarégut
Adrien Dubois (étude documentaire-CRAHAM-Indépendant)
Benoit Labbey (2 nde G.M.), Frédéric Pasquier (tous secteurs)