Mis à jour le
22 juillet 2022

L’émergence d’un nouveau quartier à l’est de la métropole rennaise (ZAC Atalante – ViaSilva) a offert à l’archéologie préventive la possibilité d’étudier un vaste espace aux portes de la capitale bretonne. Ces aménagements, qui couvrent une surface de 93 hectares, ont été précédés de plusieurs diagnostics archéologiques. Ils ont révélé une importante occupation datée essentiellement des périodes antiques et médiévales entre les lieux-dits Pierrins et Champs Blancs. Une prescription de fouille a alors été émise sur une surface de 7,4 hectares.

La fouille, réalisée en 2017, a livré des vestiges remontants pour les plus anciens à l’âge du Bronze. Mais l’occupation débute réellement au IIIe s. av. J.-C. avec la mise en place d’un ensemble de fossés délimitant les contours d’une ferme. L’enclos central correspond à la partie habitée. Il renferme quelques trous de poteaux et des fosses, vestiges de plusieurs constructions. Cet établissement gaulois va perdurer jusqu’au changement d’ère. Dans le courant du Ier s. apr. J.-C., il est remplacé par une importante villa. Cette grande demeure construite selon une architecture romaine est la résidence d’un riche aristocrate. Elle est également le centre d’un important domaine agricole. Située à seulement 7 kms de la ville de Condate, chef-lieu de la cité des Riédones, la villa bénéficie de l’essor de ce centre urbain. Elle bénéficie également de la proximité de deux voies majeures que sont la Rennes-Jublains au nord et la Rennes-Le Mans au sud. La villa était reliée à ces axes par un chemin dont une portion de plus de 200 m a pu être étudiée. Le long de cette voie d’accès s’installent de petits bâtiments sur poteaux correspondant à l’habitat de la main d’œuvre rustique au service du domaine ainsi qu’un édifice thermal. Ces bains privés, utilisés par le maître et ses invités, confirment l’adoption d’un style de vie à la romaine.

Au IIe s. la villa est embellie avec la création de systèmes de chauffage par le sol et la mise en place de décors peints. La partie résidentielle sera également agrandie avec la construction d’une nouvelle aile, à l’ouest de la résidence. Ce grand bâtiment, dont la fonction pose question, pourrait être utilisé pour stocker les productions du domaine et servir de résidence à l’intendant.

Le IIIe s. et la période sévérienne marquent une apogée de la villa avec une monumentalisation des salles de réception. Une dernière réfection a lieu avec une reprise architecturale de l’aile ouest qui est équipée d’une vaste salle d’audience au plan basilical. L’ancienne résidence (aile nord) est quant à elle partiellement démantelée. Cette ultime phase de travaux est ici particulièrement intéressante, car elle pourrait être datée du début du IVe s. Elle marquerait dans ce cas une renaissance de la villa à la période constantinienne.

La villa sera abandonnée au Ve s. pour laisser un site en apparence inoccupé jusqu’au XIe s. À cette date est alors édifiée la motte castrale de Moucon. Cet habitat aristocratique, situé sous l’actuelle ferme de la Prée Saint-Roch, a été partiellement fouillé au sud-est de l’emprise de fouille. Une portion du fossé de la motte et les vestiges d’une occupation périphérique ont pu être étudiés.

Bien que l’étude de ce site médiéval ne soit que partielle, elle pose la question d’une persistance du domaine antique. La motte s’installe en effet à proximité de la villa romaine et son toponyme préroman pourrait être issu de l’anthroponyme Musca. Peut-être le nom d’un des propriétaires de la villa. Un domaine créé à la période romaine, issu lui-même d’un établissement gaulois, pourrait ainsi perdurer à travers les siècles. 

Chronique

Les découvertes

En Ille-et-Vilaine, près de Rennes, les archéologues explorent un domaine rural gallo-romain. Le site sera ouvert au public le dimanche 17...

Nom de l'opération
ZAC Atalante-ViaSilva – ZAC des Pierrins
Cause de l'opération
ZAC
Aménageur
SPLA VIA Silva
Type d'opération
Fouille
Période(s)
Âge du Bronze
Âge du Fer
Antiquité
Moyen Âge
Époque moderne
Responsable d'opération
Bastien Simier
Suivi scientifique

Michel Bailleu (inrap)
Paul-André Besombes (SRA)

Equipe de recherche

Julien Boislève (toichographologue)
Françoise Labaune-Jean (céramolugue/instrumentum)
Vérane Brisotto (étude macrolithique)
Pierre-Poilpré (étude archuves-géoarchéologie)
Hervé Morzadec (étude géologique)

Collaborateurs scientifiques

Véronique Matterne (carpologue, CRAVO/CNRS)

Responsable(s) de secteur

Marion Lemée
Audrey Le Merrer
Marie Millet

Code opération
F117706
Date
DU 26/06/2017 AU 22/12/2017
Pays
France