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Institut de France à Paris
De septembre à décembre 2015, l'Inrap est intervenu dans le cadre du projet de construction d'un auditorium pour l'Institut de France (Paris VIe). La fouille a mis au jour un tronçon de l'enceinte médiévale sur la rive gauche : le mur de courtine, une tour et le fossé. Cette fortification, de la fin du XIIe et du début du XIIIe siècle, est la première à être construite en pierre et à parcourir les deux rives de la capitale.
Au cours de son règne, Philippe Auguste (1180-1223) fait ériger une muraille pour défendre Paris des Plantagenêts présents à cette époque dans tout l'ouest de la France, de la Manche à l'Aquitaine. Longue de 5,2 km, elle comprenait environ 70 tours, dont 13 complètes ou très fragmentaires, sont encore visibles actuellement. Si le tracé de la muraille est bien connu, en revanche l'emplacement des tours disparues n'est toujours pas déterminé avec précision, car elles ont laissé moins de traces dans le parcellaire que le mur de courtine (mur qui relie deux tours). Cette enceinte ne possédait pas de fossé au moment de sa construction ; il sera creusé plus tard sous le règne du roi Charles V, au moment où une nouvelle fortification est érigée rive droite.
À droite la tour et sa courtine, au centre le grand collecteur
Denis Gliksman, Inrap
Fouille mécanique du fossé
Denis Gliksman, Inrap
Fouille manuelle du fossé
Denis Gliksman, Inrap
Courtine, tour et fossé mis au jour
À l'emplacement de la fouille, le mur de courtine, construit en moyen appareil régulier de carreaux de calcaires , a été observé sur une longueur totale de 33,50 m. Son élévation est conservée sur une hauteur comprise entre 1,50 m et 2,70 m. Mais elle a été par endroits fortement perturbée à son sommet par les fondations de l'établissement Monnaies de Paris, qui a occupé la parcelle de la Révolution jusqu'en 2015.
La tour a été aplanie très probablement avant 1665, car elle n'est pas représentée sur le plan dressé par l'architecte Louis Le Vau au XVIIe siècle en préalable à la construction du Collège des Quatre-Nations abritant aujourd'hui l'Institut de France. De plan semi-circulaire légèrement outrepassé, elle mesure 6,14 m de diamètre à la base de l'élévation et 2,72 m de diamètre interne. Elle est conservée sur une hauteur comprise entre 0,90 et 1,30 m.
Vue de la tour, depuis le sud-ouest
Paul Celly (Inrap)
Vue détail du chaînage de la courtine nord avec la tour et de la fondation de cette dernière. Marques de tâcheron
Gwenaël Mercé (Inrap)
Grand collecteur
François Renel (Inrap)
Cette opération a permis d'étudier, pour la première fois, le mode de construction d'une tour de l'enceinte de Philippe Auguste sur la rive gauche ainsi que de fouiller l'intérieur d'un ouvrage. Celui-ci a été dégagé sur 2 m de profondeur, dans sa presque totalité ; en effet des réaménagements postérieurs ont occulté l'arrondi interne, côté ville, de sorte que la probable porte accès n'a pu être mise en évidence. Le parement interne est constitué d'un petit appareil de moellons de calcaire. Aucun niveau de sol ou de traces d'occupation n'a été observé ce qui laisse supposer que la construction n'était pas habitée au rez-de-chaussée.
Le profil et le comblement du fossé de l'enceinte ont également été observés. Les différentes séquences du remplissage du creusement ont livré du mobilier dont la datation est comprise entre le XVe et le XVIIe siècle. Il 'agit de céramique, de restes d'animaux, d'objets en fer, en plomb et en alliage cuivreux mais aussi de nombreux éléments organiques. Parmi ces derniers sont recensés des semelles de chaussures en cuir, la couverture en osier d'une dame-jeanne, un balai en brindilles de bouleau et des fragments de tissus.
Trois éléments de la dame-jeanne : verre, poignée et paroi en saule fin, 3e quart du XVIIe siècle
Anne Dietrich (Inrap)
Plomb de scellé de Paris marqué TAINTURE DE PARIS, attestant la teinture du drap à Paris,1574.
Jean Soulat (LandArc)
Vase miniature en pâte sableuse francilienne, seconde moitié du XVe siècle
François Renel (Inrap)
Thibaud Guiot, Inrap
Dorothée Chaoui‑Derieux, SRA
Christophe Besnier Technicien d’opération Travaux de terrain
Jacques Legriel Technicien d’opération et spécialiste Travaux de terrain et observations géomorphologiques
Gwenaël Mercé Technicien d’opération Travaux de terrain
François Renel Technicien d’opération Travaux de terrain
Mehdi Belarbi Topographe Traitement des relevés topographiques et réalisation des images 3D et des orthophotos, Recalage des plans anciens
Paul Celly Responsable scientifique , direction de l'opération, enregistrement des données, rédaction du rapport, coordination scientifique
Cécilia Cammas Spécialiste Réalisation des lames minces
Caroline Claude Spécialiste Étude de la céramique médiévale
Priscillia Debouige Technicienne d’opération Traitement du mobilier
Gwenaëlle Desforges Technicienne d’opération Traitement du mobilier
Anne Dietrich Spécialiste Étude du mobilier en bois
Stéphane Frère Spécialiste Étude de la faune
Delphine Henri Spécialiste Étude des textiles
Jacques Legriel Spécialiste Étude géomorphologique Traitement du mobilier
Sophie Martin Spécialiste Diagnostic malacologique
Gwenaël Mercé Technicien d’opération Traitement et conditionnement du mobilier
Florence Moret‑Auger Spécialiste Étude numismatique
François Renel Spécialiste Étude de la céramique moderne
Nicolas Thomas Spécialiste Étude du mobilier métallurgique
Marc Viré Spécialiste Étude du mode de construction et de la provenance du calcaire de la muraille de Philippe Auguste
Julia Wilson Infographiste Dessin‑infographie Mise en page du rapport
Benoît Clavel, CNRS, MNHN, UMR 7209 Archéozoologue
Jérôme Jambu, Bibliothèque nationale de France
Anna Maria Rosaria Desiderio, ArScAn Carpologue
Yvon Dréano, CRAVO Archéozoologue
Pascale Gardin, laboratoire ArchéArt Restauratrice
Jean‑Pierre Gély, Université Paris 1 Géologue
Yannick Jézéquel Détermination et datation des plombs de scellé
Véronique Montembault Spécialiste du cuir médiéval et moderne
Jean Soulat, laboratoire LandArc, responsable de l’étude de la culture matérielle