Mis à jour le
31 mars 2021

De septembre à décembre 2015, l'Inrap est intervenu dans le cadre du projet de construction d'un auditorium pour l'Institut de France (Paris VIe). La fouille a mis au jour un tronçon de l'enceinte médiévale sur la rive gauche : le mur de courtine, une tour et le fossé. Cette fortification, de la fin du XIIe et du début du XIIIe siècle, est la première à être construite en pierre et à parcourir les deux rives de la capitale.

Au cours de son règne, Philippe Auguste (1180-1223) fait ériger une muraille pour défendre Paris des Plantagenêts présents à cette époque dans tout l'ouest de la France, de la Manche à l'Aquitaine. Longue de 5,2 km, elle comprenait environ 70 tours, dont 13 complètes ou très fragmentaires, sont encore visibles actuellement. Si le tracé de la muraille est bien connu, en revanche l'emplacement des tours disparues n'est toujours pas déterminé avec précision, car elles ont laissé moins de traces dans le parcellaire que le mur de courtine (mur qui relie deux tours). Cette enceinte ne possédait pas de fossé au moment de sa construction ; il sera creusé plus tard sous le règne du roi Charles V, au moment où une nouvelle fortification est érigée rive droite.

Courtine, tour et fossé mis au jour

À l'emplacement de la fouille, le mur de courtine, construit en moyen appareil régulier de carreaux de calcaires , a été observé sur une longueur totale de 33,50 m. Son élévation est conservée sur une hauteur comprise entre 1,50 m et 2,70 m. Mais elle a été par endroits fortement perturbée à son sommet par les fondations de l'établissement Monnaies de Paris, qui a occupé la parcelle de la Révolution jusqu'en 2015.

La tour a été aplanie très probablement avant 1665, car elle n'est pas représentée sur le plan dressé par l'architecte Louis Le Vau au XVIIe siècle en préalable à la construction du Collège des Quatre-Nations abritant aujourd'hui l'Institut de France. De plan semi-circulaire légèrement outrepassé, elle mesure 6,14 m de diamètre à la base de l'élévation et 2,72 m de diamètre interne. Elle est conservée sur une hauteur comprise entre 0,90 et 1,30 m.

Cette opération a permis d'étudier, pour la première fois, le mode de construction d'une tour de l'enceinte de Philippe Auguste sur la rive gauche ainsi que de fouiller l'intérieur d'un ouvrage. Celui-ci a été dégagé sur 2 m de profondeur, dans sa presque totalité ; en effet des réaménagements postérieurs ont occulté l'arrondi interne, côté ville, de sorte que la probable porte accès n'a pu être mise en évidence. Le parement interne est constitué d'un petit appareil de moellons de calcaire. Aucun niveau de sol ou de traces d'occupation n'a été observé ce qui laisse supposer que la construction n'était pas habitée au rez-de-chaussée.

Le profil et le comblement du fossé de l'enceinte ont également été observés. Les différentes séquences du remplissage du creusement ont livré du mobilier dont la datation est comprise entre le XVe et le XVIIe siècle. Il 'agit de céramique, de restes d'animaux, d'objets en fer, en plomb et en alliage cuivreux mais aussi de nombreux éléments organiques. Parmi ces derniers sont recensés des semelles de chaussures en cuir, la couverture en osier d'une dame-jeanne, un balai en brindilles de bouleau et des fragments de tissus.

Vase miniature en pâte sableuse francilienne, seconde moitié du XVe siècle

Vase miniature en pâte sableuse francilienne, seconde moitié du XVe siècle

©

François Renel (Inrap)

Nom de l'opération
Institut de France à Paris
Cause de l'opération
Construction d’un auditorium
Aménageur
OPPIC
Type d'opération
Fouille
Période(s)
Moyen Âge
Époque moderne
Période contemporaine
Responsable d'opération
Paul Celly
Suivi scientifique

Thibaud Guiot, Inrap

Dorothée Chaoui‑Derieux, SRA

Equipe de recherche

Christophe Besnier Technicien d’opération Travaux de terrain

Jacques Legriel Technicien d’opération et spécialiste Travaux de terrain et observations géomorphologiques

Gwenaël Mercé Technicien d’opération Travaux de terrain

François Renel Technicien d’opération Travaux de terrain

Mehdi Belarbi Topographe Traitement des relevés topographiques et réalisation des images 3D et des orthophotos, Recalage des plans anciens

Paul Celly Responsable scientifique , direction de l'opération, enregistrement des données, rédaction du rapport, coordination scientifique

Cécilia Cammas Spécialiste Réalisation des lames minces

Caroline Claude Spécialiste Étude de la céramique médiévale

Priscillia Debouige Technicienne d’opération Traitement du mobilier

Gwenaëlle Desforges Technicienne d’opération Traitement du mobilier

Anne Dietrich Spécialiste Étude du mobilier en bois

Stéphane Frère Spécialiste Étude de la faune

Delphine Henri Spécialiste Étude des textiles

Jacques Legriel Spécialiste Étude géomorphologique Traitement du mobilier

Sophie Martin Spécialiste Diagnostic malacologique

Gwenaël Mercé Technicien d’opération Traitement et conditionnement du mobilier

Florence Moret‑Auger Spécialiste Étude numismatique

François Renel Spécialiste Étude de la céramique moderne

Nicolas Thomas Spécialiste Étude du mobilier métallurgique

Marc Viré Spécialiste Étude du mode de construction et de la provenance du calcaire de la muraille de Philippe Auguste

Julia Wilson Infographiste Dessin‑infographie Mise en page du rapport

Collaborateurs scientifiques

Benoît Clavel, CNRS, MNHN, UMR 7209 Archéozoologue

Jérôme Jambu, Bibliothèque nationale de France

Anna Maria Rosaria Desiderio, ArScAn Carpologue

Yvon Dréano, CRAVO Archéozoologue

Pascale Gardin, laboratoire ArchéArt Restauratrice

Jean‑Pierre Gély, Université Paris 1 Géologue

Yannick Jézéquel Détermination et datation des plombs de scellé

Véronique Montembault Spécialiste du cuir médiéval et moderne

Jean Soulat, laboratoire LandArc, responsable de l’étude de la culture matérielle

Code opération
F102266
Date
DU 24/09/2015 AU 18/12/2015
Pays
France