Le métal, qui donne son nom à la période, n'a joué qu'un rôle assez tardif durant ce moment essentiel où ont alterné phases de développement et de déclin, stratégies de concentration vers de premières villes fortes et moments d'éclatement. Grâce à l'archéologie préventive, les fouilles, réalisées dorénavant sur des surfaces suffisantes pour appréhender des sites de cette période, battent en brèche la vision traditionnelle et réductrice de ces sociétés. On comprend mieux, dès lors, comment l'organisation urbaine et étatique, adoptée dès la fin du iie siècle avant notre ère, est à la source d'une nouvelle période historique, durant laquelle les sociétés sont devenues plus interdépendantes : des biens, des personnes, des idées, des savoir-faire circulaient dans toute l'Europe. Les mythiques cavaliers à la longue épée en fer, les relations avec les Grecs installés à Marseille, le pouvoir ostentatoire de la princesse de Vix, les grandes migrations et la furie guerrière celtiques, les sacrifices humains liés à une plus haute spiritualité, l'apparente étrangeté de l'art celtique, la mise au point, décisive, d'une agriculture adaptée aux terres difficiles des plateaux, les oppida - lieux névralgiques de la guerre des Gaules - prennent sens et relief dans cette perspective renouvelée. Autant de bouleversements de nos connaissances opérés sur cette période depuis les années 1990, dont la question de l'origine des Celtes, qui est elle-même reconsidérée.
Les auteurs
Patrice Brun, professeur, et Pascal Ruby, maître de conférences (université de Paris I-Panthéon-Sorbonne), sont archéologues et enseignent la protohistoire européenne, les théories et les méthodes de l'archéologie. Ils ont dirigé plusieurs chantiers de fouilles préventives et programmées.
Patrice Brun s'intéresse plus particulièrement à la dynamique des changements sociaux ayant conduit à l'émergence de l'État.
Pascal Ruby, ancien membre de l'École française de Rome, a également travaillé sur la protohistoire italienne.