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À la recherche du royaume d’Urartu
Pour découvrir l’archéologie d’aujourd’hui, ses sciences connexes, mais aussi approcher et décrypter ce que la discipline recouvre de concepts, de modèles, Carbone 14, le magazine de l'archéologie, retrace les avancées de la recherche française et internationale et parcourt terrains, chantiers et laboratoires. Une émission à écouter chaque samedi, de 19 h 30 à 20 h sur France Culture et à réécouter sur Inrap.fr.
Avec Stéphane Deschamps, conservateur général du patrimoine, chef du service régional d’archéologie d’Ile-de-France.
Dans ce numéro, le magazine de l’archéologie ouvre ses portes à un royaume méconnu du sud Caucase, "Urartu" et par là même, au passé lointain de l’Arménie.
Le royaume d’Urartu naît autour du lac de Van, aujourd’hui à l’est de la Turquie ; séparé de l’Assyrie par quelques royaumes tampons, il est pleinement mentionné dans les textes assyriens dès la fin du IIe millénaire avant notre ère, et fut notamment en guerre contre lui (cf. l’expédition guerrière de Salmanazar 1er). Mais ce n’est qu’au milieu du VIIIe siècle que le royaume d’Urartu semble réellement être à son apogée et rivalise avec son très puissant voisin assyrien.
Carte de localisation des principales forteresses de la plaine de l’Araxe
- © cartographie : mission archéologique Erebuni
Pour les archéologues, la découverte d’Urartu est assez tardive puisque les monuments et mobiliers lui appartenant étaient généralement attribués à la culture assyrienne. Le royaume est toutefois identifié par Friedrich Schultz dans les années 1840, mais il faudra attendre l’ère soviétique pour que les recherches s’intensifient.
La forteresse d’Erebouni
Actuellement, une mission archéologique française du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères travaille sur un des sites majeurs de cette période. Dans les environs d’Erevan se dresse encore la forteresse d’Erebouni (ou Erebuni), créée en 782 avant notre ère par le roi Argishti Ier, qui régnera deux décennies - jusqu’en 766 avant notre ère. Puissant chef militaire, celui-ci relate ses exploits au travers d’un texte gravé dans la pierre d’un rocher de Van.
Détail de l’inscription cunéiforme du temple de Haldi par le roi Argishti Ier (782 BC).
- © S. Deschamps / mission archéologique Erebuni
La forteresse se compose de son palais et de ses temples, l’un dédié à un dieu « Haldi », deux autres au feu. Elle est édifiée sur des blocs de pierres, cyclopéens, surmontés de briques d’adobe. Durant le premier quart du VIIe siècle, le pouvoir semble transféré d’Erebouni vers un nouveau site fortifié. Au cœur de cette région sismique, le site subit au moins trois tremblements de terre. Le plus violent se déroule entre 670-650 avant notre ère et le temple d’Haldi est définitivement détruit. Ces « colères divines » sont probablement une des causes du déclin de la forteresse. Ainsi, les archéologues perçoivent sur le terrain, une brusque modification des modes d’occupation du site, l’apparition d’un phénomène d’occupation précaire, des "squatters" en quelque sorte.
Erebuni. Vue verticale du temple dédié au dieu Iubsa par le roi Argishti (ca. 782 BC). Le parvis du temple est en cours d’étude
- © cliché A. Lureau, mission archéologique Erebuni
La fin d’Urartu et l’empire Achéménide
Vers 557-530, l’Arménie est intégrée à l’empire perse achéménide créé par Cyrus, l’Arménie devient alors la 18e satrapie de l’empire. L’organisation perse implante en Arménie de nouvelles créations ex-nihilo de grands sites. À Erebouni, une grande salle à 30 colonnes (de type apadana, c’est-à-dire un bâtiment d'audience hypostyle), datée du début du VIe siècle avant notre ère, pourrait-elle appartenir à cette période achéménide, ou tout au contraire, serait-elle antérieure ?
Elévation des murs de la grande salle à colonnes (fin VIIème BC) avec une élévation de briques d’adobe reposant sur une simple fondation de blocs
- © S. Deschamps / mission archéologique Erebuni
Pour aller plus loin
- Pages de Stéphane Deschamps : sur le réseau Linkedin, son portrait sur le site du ministère de la culture.
- Ses publications : sur l'Urartu (site Academia), sur le site du journal arménien Aramazd (2020), ouvrage collectif sur la forteresse d'Erebuni, 2017 : comptes rendus des publications entre 2011 et 2013 (site openedition).
- A visionner, une vidéo sur le royaume d'Urartu (You tube).
- Page sur la forteresse d'Erebouni (ou Erebuni).
- Page sur l'empire des Achéménides.
- Page sur le dieu Haldi.