Le magazine Historia fait le plein d'archéologie...préventive

Depuis la loi de 2001 sur l’archéologie préventive qui concilie aménagement du territoire et préservation du patrimoine, les archéologues ont accumulé une somme de données sans précédent, bouleversant le rapport de l'archéologie à l'histoire. Aujourd'hui, l'archéologue n'est plus le supplétif de l'historien. Le nombre d'opérations archéologiques réalisées par l'Institut en Hexagone et outre mer  depuis près de 25 ans — plus de 50 000  —, l'échelle des sites étudiés (tracés d'autoroutes ou de LGV...), la variété des données matérielles collectées sur le terrain (anthropologiques, culturelles, biologiques, environnementales...), les  avancées scientifiques (de l'ADN à la robotique) ont modifié la profession d'archéologue en profondeur, renouvelé notre connaissance de la formation des territoires et des terroirs, bousculant au passage quelques certitudes sur notre histoire.

Ce nouveau récit sur le temps long et sur les grands espaces ne commence en effet ni par Vercingétorix, ni par Clovis ou Charlemagne, c'est le récit, par l'accumulation de preuves matérielles enfouies dans le sol sous-sol, des territoires dans tous leurs états depuis un million d'années : premiers hominidés, néolithisation et agriculture, communautés de l'âge du Bronze, Gaule indépendante, romanisation, Moyen Âge, Époque moderne, jusqu'à la période contemporaine et aux angles morts de la Première et Seconde Guerres mondiales. Naguère limitée à l'archéologie des autres, à l'Antiquité grecque, romaine, moyenne et extrême-orientale, l'archéologie explore désormais tous les recoins des territoires en France, en étudie chaque vestige, apportant à l'histoire de nouveaux repères matériels et une nouvelle épaisseur (stratigraphique) : « Nous fouillons, c’est votre histoire », a toujours dit la devise de l'Institut.

Des dernières découvertes mondiales à celles qui ont été réalisées en France (des « Vénus » paléolithiques de Renancourt à l'état buccodentaire d'Anne d'Alègre), le panorama proposé par Historia nous présente un état forcément incomplet, mais représentatif et actuel de la variété des méthodes, découvertes et objets d'études de cette  « nouvelle » archéologie, examinés et réappropriés ici par des historiens. En étayant ce dossier sur sur une vingtaine de découvertes mondiales majeures (dont onze en France réalisées par l'Inrap), ainsi que sur un long entretien avec Dominique Garcia, archéologue et président de l'Inrap, Historia vient opportunément nous rappeler, par la voix de son éditorialiste, Éric Pincas, combien « l’archéologie préventive doit être considérée comme un trésor national » et comme l'auxiliaire de l'histoire dans l'enrichissement de nos connaissances sur notre passé commun.