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17 septembre 2019

L’oppidum de Gergovie est le lieu où les armées gauloises de Vercingétorix firent face victorieusement en 52 avant notre ère au siège de Jules César. Ce dernier y a perdu au moins 700 hommes, dont 46 légionnaires, et c’est une des rares défaites qu’il a avouées dans la Guerre des Gaules. Haut lieu de la mémoire nationale, le Plateau a accueilli en 1902 son célèbre monument à trois colonnes (26 m de hauteur), puis à l’initiative de la mairie de la Roche-Blanche et de l’association du site de Gergovie (Asg), un premier centre d’interprétation construit en 1992 : la Maison de Gergovie. Après quatre ans de travaux, celle-ci est remplacée par le Musée Archéologique de la Bataille (MAB), dont Yann Deberge, archéologue à l'Inrap, assure le commissariat scientifique de l'exposition permanente. Inauguré le 13 septembre, en présence de Anne-Gaëlle Baudouin-Clerc, Préfète du Puy-de-Dôme, et de Daniel Guérin, directeur général de l’Inrap, ainsi que de nombreux élus et partenaires institutionnels, scientifiques et culturels, le MAB ouvrira en avant-première ses portes à l'occasion des Journées européennes du patrimoine, du vendredi 20 au dimanche 22 septembre 2019.

Semi-enterré et intégré dans le paysage, le bâtiment propose sur 1200 m2 et dans un équipement entièrement renouvelé (audiovisuel, maquettes tactiles, nombreux objets archéologiques originaux ou en fac-similé), un parcours de visite qui permet de comprendre le site de Gergovie dans sa diversité historique et paysagère, et d’accéder à une synthèse des découvertes archéologiques sur le peuplement gaulois du bassin clermontois à la fin de l’Âge du Fer.

La Bataille de Gergovie

Le nouveau centre d’interprétation propose un large focus sur la bataille de Gergovie. Celle-ci fait l’objet au centre du musée d’une reconstitution audio-visuelle (vidéo-projection sur maquette) qui suit les étapes du récit césarien. Ce dispositif est complété de modules thématiques sur l’armement, les fortifications romaines et gauloises et l’historiographie et l’archéologie de la bataille. Les premières fouilles du plateau de Gergovie remontent au XVIIIe siècle, suivies en 1861-1862 de celles dirigées par le baron Eugène Stoffel et commanditées par Napoléon III qui se limitèrent à la détection des fortifications installées sur ordre de Jules César au pied de l’oppidum. Un bilan illustré et récent des fouilles préventives et programmées du champ de bataille, des deux camps romains (Grand Camp et Petit Camp) et de l’oppidum gaulois vient compléter et corriger les premières tentatives de localisation de la bataille au XIXe siècle.

Paysages et agglomérations de la fin de l’âge du Fer

L’évocation de la bataille de Gergovie est l’occasion de présenter un état des connaissances sur la civilisation des oppida et de balayer toute la période d’urbanisation du bassin clermontois qui s’étend des agglomérations gauloises de la fin de l’âge du Fer (IIe- Ier siècle avant notre ère) jusqu’à l’apparition des premières villes romaines. Les opérations préventives réalisées dans la Grande Limagne en périphérie des sites de Gandaillat-La Grande Borne (agglomération de plaine), de Corent et Gondole (célèbre par sa tombe regroupant huit hommes et huit chevaux) et du bassin de Sarliève au pied de l’oppidum de Gergovie, ont livré une grande quantité de données sur les paysages de l’époque gauloise qui font l’objet de plusieurs restitutions. Des cartes, des maquettes et des audiovisuels, mais aussi le belvédère du musée, offrent une lecture à plusieurs niveaux (géomorphologique et géologique) de ce monde arverne, étendu de la Chaine des Puys à la plaine de Limagne en passant par le Massif du Sancy et Clermont- Ferrand. Parallèlement, des focus sont présentés sur les phénomènes d’urbanisation de la Grande Limagne à l’époque gauloise. Le « site d’Aulnat » ou de « Gandaillat/La Grande Borne » (situé en périphérie est de Clermond-Ferrand et à 15 km de Gergovie) est la première agglomération à voir le jour en Auvergne, au début du IIIe siècle avant J.-C. Viennent ensuite les oppida de Corent, de Gondole, et de Gergovie. Augustonemetum (Clermont-Ferrand) est fondée sous le règne d’Auguste mais n’est réellement occupée que sous celui de Tibère (de 14 à 37 de notre ère), quand s’y déplacent les élites des oppida.

Autour du plateau

Le MAB qui a reçu le soutien du Conseil départemental du Puy-de-Dôme, de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, de l’État, de l’Europe et de la communauté Mond’Avern, s’inscrit dans un programme plus large de valorisation du site de Gergovie (étendu sur 96 ha) et de ses alentours. Sur le Plateau de Gergovie, les visiteurs peuvent voir les traces d’un ancien sanctuaire, de remparts, de portes d’entrée, d’un quartier artisanal ou encore de chemins et places pavés. Au delà de la bataille, le MAB a de beaux jours devant lui car il devrait bénéficier des recherches futures menées sur l’oppidum de Gergovie, paradoxalement encore assez peu fouillé (1,8% seulement de la surface totale du site). Le MAB organise aussi des visites autour du Plateau avec notamment une liaison « Archéobus » vers l’oppidum de Corent (15 km) et des visites guidées des différentes zones du cœur de cette autre ville gauloise et gallo-romaine : sanctuaire, place, hémicycle d’assemblée, théâtre.