Le patrimoine juif médiéval en France : entre histoire, archéologie et tradition orale

La recherche sur le patrimoine juif médiéval français a été initiée au sein de l'équipe de la Nouvelle Gallia Judaica, à la fin des années 1950, par Bernhard Blumenkranz, suivi par Gérard Nahon et Gilbert Dahan qui réalisèrent des travaux qui ont fait date (1975, 1980, 1986). De mon côté, j'ai traité, en 1974, le dossier à l'échelle de la Provence médiévale, puis en 2009. Autant dire que la recherche sur le patrimoine juif médiéval français est un labeur de longue haleine. Qu'en est-il aujourd'hui des résultats ? Possédons- nous des données historiques sûres, tangibles ? Les chantiers archéologiques en cours sont-ils prometteurs ? Existe-t-il « des monuments en péril » en attente d'être réhabilités ? Sommes-nous en présence de vestiges plus problématiques reposant sur une tradition orale ? Peut-on dresser un état des lieux ? Et, au-delà de ces interrogations, comment harmoniser deux mémoires ? D'un côté, une mémoire historique et scientifique, revendiquant la sobriété de faits d'archives épurés, incontestables, de l'autre, une mémoire collective, floue, tendant au légendaire, à la croyance populaire ? Il convient d'être circonspect, d'en appeler à l'étude préalable des textes, afin de lancer des fouilles sur un terrain doté d'archives fiables. Mais en même temps, s'il faut se méfier de la tendance à inventer des lieux de mémoires hypothétiques, il importe tout autant de saluer une sensibilité accrue aux vestiges menacés par la rugosité du temps ou par l'indifférence, autorisant de surcroît la naissance potentielle de nouveaux espaces touristiques.