Les fouilleurs, un documentaire de Juliette Senik, diffusé sur Public Sénat

Prenant délibérément le contrepied des documentaires qui exaltent les découvertes exotiques fracassantes, Juliette Senik s'attache au quotidien des archéologues, à leur histoire, leur parcours, leurs passions, leurs difficultés et leur succès, au service d'une discipline nouvelle : l'archéologie préventive. 

« Ils sondent, arpentent, prospectent, creusent, recollent, écrivent, croisent leurs hypothèses et nous parlent de leur métier, de leur passion.
Ce qui les passionne, ici, n'est pas la découverte exceptionnelle, mais de faire jaillir la multitude de questions que soulève la découverte d'un pan de mur, d'une plantation, d'un squelette, d'une mosaïque.
Leur chantier principal se trouve au coeur de la ville, rue Clérisseau, dent creuse entourée de maisons, et se déroule sous le regard des habitants du quartier. Mais c'est au centre de recherches archéologiques de Nîmes que les fouilleurs se retrouvent et que commence la recherche proprement dite. C'est là que se rassemblent toutes les connaissances éparses, toutes les hypothèses, pour résoudre les questions posées par les fouilles.
Jeunes et prudents sur leurs hypothèses, confirmés et plus hardis, ces chercheurs sont tous investis d'une mission qu'ils définissent chacun à leur manière. Faire de l'archéologie de terrain, en France, c'est interroger sa propre identité. C'est aussi permettre aux populations alentours, qu'elles viennent d'ici ou d'ailleurs, de s'approprier un lieu et un passé.
Comment sont-ils venus à l'archéologie préventive, à ce métier qui réconcilie le labeur physique, le contact avec la terre, avec la spéculation intellectuelle ? Les plus anciens, qui sont passés de la précarité au salariat, vivent leur métier comme un miracle, voire une « drogue ». Certains sont autodidactes ; les plus jeunes sont passés par l'université et y sont venus naturellement. Alors que certains se considèrent comme « les derniers témoins », d'autres, plus jeunes, se voient plus modestement comme un maillon de la chaîne, et ont à coeur de gommer l'image d'Épinal de l'archéologue véhiculée par le personnage d'Indiana Jones.
C'est toute l'ambition de ce film : faire passer la passion d'un métier à travers la personnalité de ceux qui le pratiquent. »
Juliette Senik