Restitution d’un paysage de l’âge du Fer

Les trajectoires contrariées des domaines ruraux du second âge du Fer en Gaule du Nord (HDR)

le mercredi 13 janvier, à 9h00
Visioconférence (Île-de-France)
Mis à jour le
07 janvier 2021

François Malrain soutiendra sa thèse d’Habilitation à diriger des Recherches (HDR) de le 13 janvier 2021, 9 heure. Sous la direction de François Giligny, Professeur à l’université de Paris 1. En raison de la situation sanitaire et des problèmes de train, la soutenance se tiendra essentiellement en visioconférence.

Résumé

L’histoire des domaines ruraux du second âge du Fer n’est pas linéaire. Sur le demi-millénaire qui précède notre ère elle est constituée de périodes lumineuses, entrecoupées de temps plus sombres. À l’orée du second âge du Fer, les différents peuples qui occupaient ce qui deviendra plus tard la Gaule connaissent un plein épanouissement. À cette période, la société est formée par une multitude de petites exploitations agricoles, disséminées dans la campagne. Elles voisinent dans un paysage en mosaïque où alternent espaces anthropisés et naturels. Ce semis de petites exploitations agricoles est parsemé de sites qui affichent leurs caractères ostentatoire et protecteur par de solides palissades. Parfois, le nombre de structures de stockage qu’ils cumulent les désignent comme des espaces centralisateurs. Ces habitats ruraux sont ponctués de villages et de villes où convergent une partie des productions de la campagne.

Durant cette période clémente, les habitants jouissent d’une relative tranquillité et se multiplient. Toutefois, cette sérénité n’est qu’apparente car les palissades derrière lesquelles s’abritent les habitats de plus haut rang, ainsi que les sites fortifiés, dénoncent une insécurité latente. Le développement économique et urbain aurait dû aboutir l’étatisation. Or, au lieu de cet avenir prometteur, des embûches sont venues perturber ces trajectoires comme le climat qui a pu contraindre les populations à la migration.

Après plus d’un siècle et demi chaotique, le début du IIIe s. signe un renouveau. De bonnes conditions climatiques permettent la stabilité, puis stimulent une croissance démographique jusqu’à la jonction entre le IIe s. et le Ier s. av. n. è. Durant cette période prospère, le déploiement de sites enclos sur la quasi-totalité de l’espace celtique témoigne d’une forte emprise sur le milieu naturel. Ces installations peuvent être la conséquence d’une réforme agraire ou de fronts pionniers. Elles peuvent être à l’initiative d’une famille ou d’un groupe humain élargi mais on ne sait pas par qui elles ont été autorisées. S’agit-il d’un mouvement dû à l’aristocratie qui, en autorisant l’installation de ses clients sur ses terres, en amplifiait le rendement tout en le bornant ? Ou au contraire de lots concédés à des exploitants par le domaine public, pour qu’ils y gagnent leurs moyens de subsistance en retour d’impôts ? Si on ne peut privilégier l’une ou l’autre de ces hypothèses, il semble que l’aristocratie ait joué un rôle important dans ce système et, qu’au final, c’est elle qui en a été la bénéficiaire. Peu à peu, dans l’environnement des sites originels, d’autres établissements sont fondés ce qui posent la question des liens qui les unissent (parenté ou clientélisme ?).

Ces grappes de sites forment des domaines ; siège de l’aristocratie gauloise. Si cette appropriation s’assimile à la propriété, il n’est pas permis d’en préciser le statut juridique.

On peut affirmer que le système primaire a été le déclencheur de l’évolution économique du IIe s. av. n. è. La remarquable gestion des domaines a été facilitée par la multiplication de l’outillage en fer produit par une métallurgie florissante qui a considérablement permis d’augmenter les capacités productrices, tout en diminuant le temps de travail. La dotation en outils efficaces et des possibilités d’approvisionnement permettent d’affirmer que les agriculteurs orientent leurs productions sur les céréales les plus performantes conduites de manière extensive, tout en abandonnant les moins rentables. En matière d’élevage, la constitution de stock de fourrage et la stabulation des animaux ont permis d’accroitre la taille des cheptels et des animaux, qui sont abattus au meilleur moment de leur croissance. L’économie agricole est donc un des moteurs fondamentaux de l’évolution de la société gauloise. Les élites ont encouragé l’intensification de l’exploitation des ressources, source importante de profit, en développant des spécialisations, tant dans l’élevage que les cultures, ou sur d’autres produits (sel, céramique, fer) et en captant tout ou partie des surplus dans une optique commerciale. Les réseaux établis ont constitué les bases stables du développement des villes qui ont été destinataires des surplus agricoles en échange desquels elles ont fourni des produits manufacturés. Ces transformations économique et politique ont participé de l’émergence de nouveaux métiers et de nouvelles classes sociales C’est au cœur des villes, que s’échangeaient ou s’acheter, grâce au développement de l’économie monétaire, toutes sortes de produits de provenance locale ou plus lointaine.

L’économie battait donc son plein, et tous les voyants étaient au vert pour assoir l’étatisation, mais une fois de plus cette trajectoire a été enrayée par des événements extérieurs. En peu de temps, dans le dernier tiers du IIe s. av. n. è., au lieu d’un déploiement des villes déjà en place, de nouveaux lieux fortifiés sont édifiés, conduisant à l’abandon de certains des espaces urbanisés. Au lieu de considérer les sites fortifiés comme l’aboutissement d’un système économique et politique, on peut y opposer une insécurité grandissante et le besoin de protéger tant les personnes que les biens car la fin du IIe s. av. n.è. est marquée par les mouvements de Cimbres et des Teutons bientôt suivis de la Conquête Césarienne.

Membres du jury

  • Mme Marie-Yvane DAIRE (Directrice de recherche, CNRS)
  • Mme Véronique ZECH-MATTERNE (Chargée de Recherche, HDR, CNRS)
  • Mr Philippe BARRAL (Professeur, université de Franche-Comté)
  • Mr Dominique GARCIA (Professeur, université d’Aix-Marseille et Président de l’INRAP)
  • Mr Pierre NOUVEL (Professeur, université de Bourgogne)
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Francois Malrain
francois.malrain [at] inrap.fr