Émissions de radio
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Mis à jour le
29 juillet 2022
Collection
Carbone 14

Pour découvrir l’archéologie d’aujourd’hui, ses sciences connexes, mais aussi approcher et décrypter ce que la discipline recouvre de concepts, de modèles, Carbone 14, le magazine de l'archéologie, retrace les avancées de la recherche française et internationale et parcourt terrains, chantiers et laboratoires. Une émission à écouter chaque samedi, de 19 h 30 à 20 h sur France Culture et à réécouter sur Inrap.fr.

Avec Philippe Charlier, directeur du département de la recherche et de l’enseignement au musée du quai Branly – Jacques Chirac.

Les momies ne sont pas l’apanage du monde égyptien, tout au contraire ! Les plus anciennement connues sont d’ailleurs issues d’Amérique du Sud (le nord du Chili a révélé cette pratique il y a plus de 7 800 ans). Vincent Charpentier en parle avec Philippe Charlier, grand spécialiste des momies.

Les momies sont le support physique de la transfiguration du passage à la mort, un état n’incarnant ni la vie, ni le trépas. Lever le voile sur ce thème, c’est découvrir qu’une multitude de pratiques d’embaumement a été entreprise de par le monde, jusqu’aux plus récentes, Napoléon, Lénine, Mao Zedong, Eva Peron ou le Pape Jean-XXIII…

Dans ce petit tour du monde, qui connaît les Kukukukus ? Si le terme est péjoratif, il n’évoque pas moins ces étranges momies de Papouasie-Nouvelle Guinée, accroupies dans des corbeilles. En Afrique, la momification est aussi pratiquée, notamment au nord du Cameroun, dans la société Fali. Lors de son expédition de 1936-1937, Marcel Griaule en photographie une exceptionnelle.

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Momie naturelle datant du 17e siècle, découverte en 1837, lors de la réfection de la collégiale du village de Saint-Bonnet-le-Château (Loire) 



 

© AFP - © Jeff PACHOUD

Les momies de mes ennemis

Dans l’art de la guerre, la momie tient aussi une place prépondérante dans certaines sociétés, comme celles entre Equateur et Pérou, au cœur de l’Amazonie. Blaise Cendrars en dresse un saisissant portrait chez les Jivaros, dans Moravagine (1926)  « Leur plastique est si précise que les visages momifiés gardent leur expression naturelle et que les corps eux-mêmes ont, au module réduit, malgré la disproportion des mains et des pieds, quelque chose de leur ancienne attitude. J’assistai à cette opération effarante quand ils réduisirent ainsi, la dépouille de notre pauvre bougre de Lathuille. Sacré bavard, va, il est aujourd’hui au musée du Trocadéro, le plus bel exemplaire d’une collection de tsantsas ». Aujourd’hui, ces fameuses momies sont au Musée du Quai Branly, pourrait-on, pour autant, retrouver, dans quelque réserve, Lathuille, désormais réduit ?

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Fardo, enveloppe de tissus enroulés sur plusieurs épaisseurs contenant les restes d'un personnage momifié naturellement (Pérou, vers 1100 - 1450 ap. J.-C) 



 

© Musée du quai Branly - Jacques Chirac, Dist. RMN-Grand Palais / Patrick Gries / Bruno Descoings

Momies à toutes les sauces

La sauce de momie, ou presque, a bien existé… Huile, bitume, goudron, suintant des corps produit une pharmacopée impensable aujourd’hui : il faut alors relire Ambroise Paré et son « discours de la momie » qui, en 1580, relate qu’il n’est guère utile d’enduire les blessures d’une pâte faite de chair morte et humaine, pratique qui ne disparaîtra qu’avec la découverte de la morphine en 1803. La momie sert aussi de pigment de peinture, à chauffer les locomotives égyptiennes mais surtout de phosphate et engrais pour l’agriculture anglaise, 19 tonnes de momies de chats broyés arriveront ainsi à Liverpool…

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Momie de chien de l'époque Ptolémaïque, époque romaine 

© Musée du Louvre - Dist. RMN-Grand Palais / Christian Décamps
 

Pour aller plus loin

Bibliographie de Philippe Charlier (non exhaustive)

Année :
2022
Durée :
29 min