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Nouvelles recherches archéologiques sur le ribât de Tît

Responsable(s) :
VAN STAËVEL Jean-Pierre, FILI Abdallah, GAIME Sébastien
Année(s) :
2015-2017
Maroc Commune de Moulay Abdellah
Mis à jour le
22 décembre 2017

La commune de Moulay Abdellah se situe à une douzaine de km au sud de la ville d’El Jadida sur la côte atlantique du Maroc. Elle abrite les vestiges de l’un des plus célèbres ribâts (lieu de retraite spirituelle) du Maroc médiéval : Tît-n-Fitr. Outre une enceinte médiévale en pierres percée de quatre portes principales et scandée de 21 tours, ce site a conservé deux minarets médiévaux. Une politique de restauration des vestiges encore en élévation est en cours, motivant l’urgence d’une étude archéologique des bâtis médiévaux avant que les travaux ne les masquent définitivement. Il s’agit d’une mission d’archéologie des élévations de type préventif, comme l’Inrap en fait régulièrement. 

Un pôle de dévotion majeur

Fondé par les Amghāriyīn ou Banū Amghār, puissante famille de saints, le ribât de Tît a joué à partir des XIe et XIIe siècles un rôle important dans la diffusion du mysticisme et du soufisme, d’abord à l’échelle de la plaine atlantique des Doukkala, puis à celle du Maghreb extrême tout entier. C’est durant la même période médiévale que ce pôle de dévotion majeur connaît une phase de construction remarquable, dont témoignent encore divers monuments plus ou moins largement restaurés : l’enceinte de l’agglomération, ses portes, et surtout deux minarets. L’ampleur de ce programme architectural confère au site une place de premier plan dans l’histoire de l’architecture monumentale du Maroc.

Historique des recherches

Jusqu’ici ces vestiges n’ont donné lieu qu’à une étude réalisée par Henri Basset et Henri Terrasse, qui se fondait sur une enquête de terrain relativement sommaire (Basset & Terrasse, 1927, 1392, 2001). Depuis lors, ce site médiéval, en grande partie inédit, fragilisé par l’action conjuguée des hommes et du climat et soumis à la pression de l’extraordinaire engouement des centaines de milliers de pèlerins qui s’y pressent en masse chaque année, n’a cessé de se dégrader, malgré les interventions ponctuelles censées enrayer une disparition programmée.

Une collaboration interinstitutionnelle

Initiée en 2012, une première étude in situ des monuments encore en élévation a abouti à l’élaboration d’un programme de coopération scientifique entre la France et le Maroc. Ce programme s’inscrit dans le cadre d’une convention de partenariat scientifique entre la Faculté des Lettres d’El-Jadida de l’Université Chouaib Doukkali d’El Jadida et son laboratoire Le Maroc et les Pays Méditerranéens, la Direction du Patrimoine Culturel du Royaume du Maroc, la composante « Islam médiéval » de l’UMR 8167 « Orient et Méditerranée », l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (Inrap) et la Commune de Moulay Abdallah.

Méthodologie utilisées, du crayon à la 3D

L’étude archéologique usuelle des élévations intégrant observations directes (relevés pierre à pierre, prélèvements de mortier, échantillonnage de matériaux et topographie), a été enrichie par le recours à des technologies innovantes, telles la photogrammétrie et les relevés au scanner 3D, afin notamment de modéliser les bâtiments et d’enregistrer le maximum d’informations sur ces monuments voués à la restauration. Une prospection aux alentours à également permis de retrouver les carrières médiévales. Enfin, un relevé topographique complet permettra à terme une appréhension précise de l’espace, et fournira la base d’une réflexion renouvelée sur le plan du site, peut-être plus planifié qu’on ne le croit.

Les résultats

La mission archéologique a pour le moment réalisé les relevés orthophotographiques du petit minaret et de la porte orientale (2015), ainsi que les relevés au scanner de l’ensemble des monuments (2016). Une fois traitées, les données seront visualisées sous forme de relevés d’élévation phasés et de restitutions en 3D.

Références citées dans le texte

BASSET (Henri), TERRASSE (Henri). — Sanctuaires et forteresses almohades. Le ribat de Tit. Le Tasghimout. Paris : Larose, 1927, p. 117-171. (Hespéris, VII).

BASSET (Henri), TERRASSE (Henri). — Sanctuaires et forteresses almohades. Paris : Maisonneuve et Larose, édition réimprimée, 1932. Et réédition 2001.

Collaborateurs
VAN STAËVEL Jean-Pierre, Université Paris Sorbonne
FILI Abdallah Fili, Faculté des Lettres d’El-Jadida, Université Chouaib Doukkali
GAIME Sébastien, Inrap
CHAUMET Grégory, ingénieur et architecte attaché au programme SU (Sorbonne-Universités) de plate-forme de numérisation mobile Plémo3D
Maroc
Commune de Moulay Abdellah
Contact(s)

Sébastien Gaime
Inrap, Centre archéologique de Clermont-Ferrand
Tél. 04 73 14 46 59
sebastien.gaime [at] inrap.fr