« Reconstruire » la Cathédrale de Strasbourg : l’archéologie expérimentale comme vecteur de transmission des savoirs

La fouille archéologique menée par l’Inrap, place du château, au pied de la Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg a permis de découvrir, dans les strates médiévales, un épais feuilletage de déchets de taille liés à la construction de l’édifice. Ces éclats d’apparence insignifiante constituent une mine d’informations pour l'archéologue, mais ils restent inertes et sans « épaisseur » sans la contribution d’autres intervenants professionnels.

À cette fin, une collaboration a été mise en place avec les tailleurs de pierre de la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame, dernière fabrique en France héritière d’une tradition médiévale, et l’Institut de Géologie de Strasbourg. Il était non seulement important de comprendre quelles étaient les différentes strates de grès exploitées pour l’avancée de la construction (entre le X^e et le XVI^e siècle) mais aussi de saisir l’éventail des outils utilisés grâce aux traces visibles sur de nombreux déchets de taille collectés. Pour parvenir à lire les marques laissées sur les fragments et ainsi comprendre les gestes des tailleurs un référentiel a été créé avec l’apport de l’archéologie expérimentale.

Avec le concours de la Fondation, des « déchets types » ont été générés puis marqués par le pic, la broche, le ciseau… Mais à côté des outils « attendus » pour le travail des pierres fermes comme le grès, l’examen des traces sur les déchets de taille, couplé aux observations faites sur les pierres taillées de l’édifice, a révélé un autre outil, inhabituel, employé dans les régions de pierre tendre : la polka.

Cette conférence de Florent Jodry, archéologue à l’Inrap, sera l’occasion de remettre en contexte ces nombreux déchets de taille dans une démarche transversale au cœur de laquelle différentes disciplines, qui se croisent rarement, se sont engagées.