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Un cimetière du haut Moyen Âge au Bourget-du-Lac (Savoie)
En amont d’un projet de construction d’un projet immobilier, une équipe d’archéologues de l’Inrap a réalisé une fouille archéologique au Bourget-du-Lac et a mis au jour un cimetière du haut Moyen Âge, daté autour du VIIe siècle après J.-C.
La plus importante fouille d’un site funéraire en Savoie
Ce cimetière est situé en pied de versant, face à un plateau dominant le lac du Bourget. Pas moins de 80 sépultures ont été découvertes durant l’opération. Cet ancien cimetière, qui avait disparu des mémoires et n’était mentionné dans aucun texte connu, avait été redécouvert fortuitement en 1979. Le projet de construction à son emplacement a ainsi entraîné le déclenchement de la plus importante fouille archéologique concernant un site funéraire de la période mérovingienne pour tout le département de la Savoie. Les résultats serviront donc de référence pour mieux connaître les sociétés qui y vivaient à cette époque, et notamment l’évolution de leurs pratiques autour de la mort pour cette période de transition entre le monde antique et la société médiévale.
Fouille du cimetière de la période mérovingienne de Bourget-du-Lac.
© Inrap
Premiers résultats
Les premières données montrent qu’il s’agissait d’un cimetière organisé, constitué de plusieurs rangées nord-sud de sépultures orientées est-ouest, tête à l’ouest, potentiellement utilisé sur plusieurs générations, avec une gestion précise des emplacements et des réouvertures fréquentes de tombes pour y installer de nouveaux défunts. La majorité des tombes contenaient plusieurs individus (de un à trois, au moins). Ce fonctionnement raisonné est au final assez similaire à celui de nos cimetières actuels. Si l’inhumation était la seule pratique en cours, les modalités pouvaient varier d’une tombe à l’autre : les tombes en « pleine terre » (fosse simple couverte, creusée à même le sol) y côtoyaient ainsi des sépultures bénéficiant de cordons de galets soignés (permettant notamment le maintien d’aménagements internes en bois) et d’autres contenant de somptueux coffrages réalisés en dalles de pierres. La pauvreté matérielle des tombes est à rapprocher de la forte influence du christianisme à cette époque, l’humilité imposée face à la mort restant un impératif religieux pour tout le reste du Moyen Âge, à l’inverse des riches objets pouvant parfois accompagner des sépultures plus anciennes.
L’étude en laboratoire des squelettes devra nous aider à approfondir nos réflexions sur l’organisation du cimetière, et peut-être à mieux connaître les populations de l’époque. Ce site représente en effet une opportunité rare dans un secteur où très peu de vestiges de cette période nous sont connus. Les lieux de vie et d’habitat des personnes ayant vécu, travaillé et étant morts du temps de l’utilisation de ce cimetière sont ainsi autant de découvertes encore à faire pour les archéologues de demain.
Nettoyage d'une tombe du cimetière de la période mérovingienne de Bourget-du-Lac.
© Inrap
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Auvergne – Rhône-Alpes)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Jean-Luc Gisclon, Inrap
Responsable du secteur funéraire : Julien Blanco, Inrap