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Mis à jour le
22 novembre 2023

Avec Julien d'Huy, docteur en histoire, chercheur affilié au Laboratoire d'Anthropologie Sociale du Collège de France, de l'EHESS et du CNRS, spécialiste de mythologie comparée.

Pour pallier les failles des études archéologiques, parfois impuissantes pour exhumer croyances et idées, une autre science existe : la mythologie comparée. Et dans cette étude des mythes ancestraux, la reconstitution de la conceptualisation de la mort des premiers humains occupe une place centrale.

Puisque l'archéologie œuvre à la matérialité des sociétés révolues, tout un pan de ce passé lui échappe, notamment celui des idées et des mots, puisque ceux-ci s’oublient et ne se fossilisent pas. Pourtant, retrouver les traces de ces mots, de l’imaginaire, pratiquer une archéologie de la psyché est désormais envisageable grâce à la mythologie.

La mythologie comparée, mieux, la phylomythologie, à savoir l’approche phylogénétique, a désormais de très puissants outils à sa disposition, notamment ceux issus des arborescences et des réseaux phylogénétiques, mais aussi de l’aréologie. Ceux-ci permettent de reconstituer des mythes du passé le plus ancien, c’est-à-dire au plus profond des origines de l’Homme moderne.

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Aboriginal rock art on the Barnett River, Mount Elizabeth Station - © Graeme Churchard

Là où les mythes et la mort se rejoignent

L’Homme fossile, à l’origine d’Homo Sapiens, il y a quelques 300 mille ans, aurait-il pu avoir une conscience de la mort ? Oui, puisque certains animaux l’ont, notamment les singes, mais aussi les éléphants… Dès nos plus lointaines origines, l’Homme s’est sans doute interrogé sur ce que Stendhal décrivait comme « le grand peut-être »

L’archéologie est peu bavarde sur ce thème, les premières sépultures confirmées apparaissant entre 130 mille ans et 100 mille ans, notamment dans les grottes d'Es Skhul et de Qafzeh, aujourd’hui situées sur l’actuel territoire d’Israël.

Si les sépultures exhumées par les archéologues sont pour ainsi dire "muettes", la généalogie des mythes transmis d’un bout à l’autre du monde permet de reconstituer les croyances et la conceptualisation de la mort des premiers humains.

A qui ou à quoi les premiers Sapiens attribuaient-ils leur finitude, quel mythe pouvait expliquer l’arrivée de la mort et quel chemin devaient-ils parcourir, via le ciel, la voie lactée, la lune ou le soleil ?

Où l’on découvre caméléon incarnant l’éternité et lézard, porteur de la mort, dépêchés auprès des Hommes, mais caméléon arrivant trop tard, l’humanité devient irrémédiablement mortelle ; que le chien et le loup seraient les gardiens et les guides au royaume des morts, que le soleil court car il est un animal chassé…

Pour aller plus loin

Références bibliographiques

Année :
2023
Durée :
30 min