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Mis à jour le
29 avril 2025
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L'Entretien archéologique

Pour découvrir l’archéologie d’aujourd’hui, ses sciences connexes, mais aussi approcher et décrypter ce que la discipline recouvre de concepts, de modèles, "L'Entretien archéologique" retrace les avancées de la recherche française et internationale, parcourt terrains, chantiers et laboratoires. À écouter le vendredi de 16h30 à 17h sur France Culture.

Une coproduction de France Culture et Inrap.

Avec Moritz Kinzel, archéologue et architecte directeur scientifique du département d’Istanbul de l’institut archéologique allemand.

Il est l’une des plus anciennes traces architecturales connues au monde. Témoignage unique de bâtisseurs d’il y a 11 300 ans, le site de Göbekli Tepe, au sud de la Turquie, nous éclaire sur les débuts du néolithique, période durant laquelle l’humanité s'est sédentarisée.

Le site de Göbekli Tepe

Situé dans le sud de la Turquie, sur un promontoire à 800 mètres d’altitude, le site de Göbekli Tepe ("colline ventrue" en turc) surplombe de vastes plaines entre le Tigre et l’Euphrate. Ce site visible de tous et connu depuis les années 1960, n’a pourtant pas fait l’objet de fouilles avant le milieu des années 1990. C’est à un archéologue allemand, Klaus Schmidt, que l’on doit les premières prospections et les premières fouilles sur le site de Göbekli Tepe. Trente ans après le début des fouilles, ce lien entre l’Allemagne et le site archéologique turc persiste, Klaus Schmidt ayant été directeur des fouilles du site jusqu’à sa mort, c’est une nouvelle génération d'archéologues allemands qui continuent de fouler les pieds de ce site exceptionnel. Le site a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 2018.

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Connu depuis les années 1960 mais non identifié comme tel, le site a commencé à être fouillé de manière intensive par une mission de l’Institut archéologique allemand sous la direction de l’archéologue Klaus Schmidt (1953-2014) en 1995. © AFP - Ozan Kose

Un témoignage du Néolithique

Le site a connu plusieurs périodes d’occupation, la plus récente date de la période médiévale, tandis que la plus ancienne remonte aux prémices du néolithique, il y a plus de 11.000 ans. Cette occupation très précoce à la période du Néolithique est un témoignage exceptionnel d’une période de transition majeure dans l’histoire de l'humanité : le passage de populations de chasseurs-cueilleurs nomades à une sédentarisation par l’intermédiaire de l’agriculture et de l’élevage. Le processus de néolithisation était pensé comme une bascule vers l’agriculture et l’élevage, entraînant l’apparition des premières formes d’architectures, mais le site de Göbekli Tepe a rebattu les cartes sur la manière dont était pensée cette transformation. Aucune trace de céréales domestiquées n’a été trouvée sur le site indiquant que le peuple à l’origine de ces édifices était encore nomade.

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Les représentations les plus courantes sculptées sur ces piliers sont des animaux : renards, serpents et sangliers avant tout, aussi des aurochs, gazelles, mouflons, onagres, grues, canards et vautours. © AFP - Ozan Koze

L’une des premières traces d’architecture humaine

Le site de Göbekli Tepe présente des constructions mégalithiques en pierre, plusieurs milliers d’années avant les pyramides ou Stonehenge. Ces structures sont circulaires, organisées en terrassement dans lesquelles des pierres plus imposantes, de 2 à 3 mètres de hauteur en forme de T sont intercalées. Au milieu de ces cercles se trouvent deux piliers en forme de T, cette fois plus imposants allant jusqu’à 5 ou 6 mètres de hauteur. L’une des hypothèses des archéologues serait que ces piliers centraux serviraient de base pour un toit couvrant l’édifice. Ces vestiges constituent l’une des plus anciennes traces architecturales de l’histoire, avec des constructions pérennes et une organisation de l’espace.

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La plus grande salle, de 20 mètres de diamètre, entourée de pièces plus petites, semble constituer une sorte d'agora, un lieu de rassemblement auquel on accédait par un passage réduit, soutenu par une forêt de piliers. © AFP - Ozan Kose

Un usage encore méconnu

La question de l’usage de ces édifices pose encore question pour les experts du site de Göbekli Tepe. L’hypothèse d’un lieu d’habitation a rapidement été écartée, au vu des espaces exiguës qui structurent le site. L’hypothèse du premier temple de l’humanité à été soutenue par Klaus Schmidt jusqu’à sa mort. La présence de bas reliefs et de sculptures sur les piliers, représentant des prédateurs, animaux typiques des mythologies de ces périodes ainsi que des ossements de gibiers, confortent l’idée que des cérémonies ou des banquets ont été pratiqués sur le site. Néanmoins cette hypothèse du premier temple reste discutée dans la communauté archéologique, les fouilles continuent sur le site ainsi que d’autres sites alentours pour en apprendre plus sur ces premiers vestiges architecturaux.

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Un sanglier polychrome d'1,20 m de long, 70 cm de hauteur: logé dans une niche trouvé sur le site archéologique de Göbekli Tepe en Turquie le 9 octobre 2023 © AFP - Ozan Kose

Les ressources documentaires

L’interprétation des bâtiments « exceptionnels » du Néolithique précéramique proche-oriental (10e-8e millénaires), par Hélène Huysseune, 2014

Göbekli Tepe, site archéologique, article de l’encyclopédie universalis, par Jean-Paul Demoule

Göbekli Tepe : le mystérieux site archéologique livre la plus ancienne sculpture peinte de l'humanité (Sciences et Avenir, 2023)

Les références musicales

Le générique du début : Glue, par Bicep

Année :
2025
Durée :
30 min