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Archéologie des origines : émergence et évolution des premières cultures (ARCHOR)
Le projet ARCHOR a pour but de reconstituer l’origine de la technologie des homininés, entre 3,3 et 1,7 Ma, à partir des données recueillies sur le terrain par le WTAP, sur la rive occidentale du lac Turkana au Kenya. L'objectif est dʹappréhender les capacités cognitives de ces premiers homininés à travers l’étude des premiers outils en pierre.
Ce projet a pour but de reconstruire la genèse de la technologie des premiers homininés il y a plus de 3 Ma et jusque 1,7 Ma. Ce projet multidisciplinaire exploite les données de terrain extrêmement riches recueillies depuis une vingtaine d’années par une équipe internationale au sein de la Mission Préhistorique dans la formation du Nachukui à l’ouest du lac Turkana dans le nord du Kenya - le WTAP (West Turkana Archaeological Project) – dont la découverte récente (2011) d'un site archéologique daté à 3.3 Ma, le plus vieux site encore jamais découvert (Lomekwi 3, LOM3).
Fabrication des premiers outils en pierre
L'objectif principal est d'étudier les capacités cognitives et habiletés motrices des premiers homininés au moment de l'émergence et durant les premières étapes évolutives d'un comportement nouveau et unique parmi les primates : la fabrication des premiers outils en pierre. L'approche pour étudier les capacités des premiers tailleurs passe nécessairement par une analyse technologique de leur production lithique, en utilisant le concept de chaîne opératoire et la démarche expérimentale comme outils d'analyse.
Les vidéos, ci-après, présentent Michel Brenet (Inrap) en pleine expérimentation de la percussion sur percuteur dormant et enclume. Dans la première technique de taille testée ici, il a adopté une position accroupie avec les pieds à plat sur le sol. Il est revêtu d'un habit expérimental équipé de capteurs d'intensité musculaire et de boules lumineuses facilitant la prise d'images. L'habit comporte également un gant conçu pour conférer à sa prise certaines caractéristiques.
Il s’agit également de définir les conditions environnementales et paléoanthropologiques qui ont favorisé l'émergence d'un tel comportement, il y a plus de 3 Ma dans le bassin du Turkana. Ainsi, au-delà de son premier but qui est d’élucider les étapes technologiques qui ont mené certains homininés à cette évolution spécifique, ce projet a également pour objectif de déterminer l'impact des changements climatiques globaux sur l'évolution humaine et de démontrer les capacités d'adaptation des homininés face aux changements environnementaux. Comment, quand et pourquoi les homininés ont-ils fabriqué les premiers outils ? Ces derniers dérivent-ils d'activités de concassage pré-existantes ou ce sont-ils développés plus ponctuellement et directement de la fabrication de tranchants ? À quoi ont-ils servi ? Quelles espèces d'homininés les ont fabriqués ? Autant de questions que la découverte du site de LOM3 nous permet de ré-explorer.
Histoire évolutive des premiers hominidés
Pendant les 15 dernières années, de nouvelles découvertes ont également révélé la diversité des homininés et la complexité de leur histoire évolutive, pendant laquelle différentes espèces ont coexisté en même temps dans les mêmes régions. Dans ce contexte, déchiffrer les rapports phylogénétiques entre les différentes espèces et évaluer le mode et le tempo de leur émergence représente un nouveau défi scientifique. Comment biologie, culture et environnement ont-ils interagis dans ces contextes chronologiques anciens ? Quel rôle ces facteurs et leurs actions réciproques ont-ils joué dans l'histoire évolutive de l'homme ? Les conditions d'émergence des capacités motrices chez ces homininés et en particulier celles liées à la main sont elles toujours discutées. Déterminer à quel moment ces capacités sont apparues représente également un enjeu essentiel pour la compréhension des origines de la technologie et du processus d'hominisation et constitue un des axes de recherche du projet.
Étude diachronique approfondie des premières technologies
Les recherches sur l'origine et l'évolution des premiers ensembles techno-culturels sont menées par plusieurs équipes travaillant dans différentes parties du monde, mais essentiellement dans la Grande Vallée du Rift en Afrique de l'Est. Cependant, seule la région Ouest Turkana offre un enregistrement archéologique capable de répondre à ces questions puisqu’elle renferme le plus vieux site archéologique jamais découvert (3,3 Ma) et le plus vieux site Acheuléen (1,76 Ma) ; ces deux sites constituant le terminus ante et post quem du projet ARCHOR et un grand nombre de sites se distribuant chronologiquement le long d'une séquence allant pour le moment de 3.3 Ma jusqu’à 0,7 Ma. Cette configuration garantie une étude diachronique approfondie des premières technologies, puisque le projet se concentre sur la période la plus ancienne de cette diachronie, Le Lomekwien mais aussi l'Oldowayen avec plusieurs sites oldowayens parmi les plus anciens du monde (2,34 Ma) et un grand nombre de sites oldowayens plus récents (1,8 Ma), permettant également l'étude comparative de ces ensembles archéologiques à l'échelle synchronique.
Ces dépôts ont permis de dater à 3,3 millions d’années le site de Lomekwi 3 fouillé par la Mission Préhistorique au Turkana dans le nord du Kenya
© Mission Préhistorique au Kenya / West Turkana Archaeological Project
Le site de Lomekwi 3 est localisé dans l’ouest du Turkana, au nord du Kenya.
© Mission Préhistorique au Kenya / West Turkana Archaeological Project
Le site de Lomekwi 3 est localisé dans l’ouest du Turkana, au nord du Kenya.
© Mission Préhistorique au Kenya / West Turkana Archaeological Project
Le site de Lomekwi 3 est localisé dans l’ouest du Turkana, au nord du Kenya.
© Mission Préhistorique au Kenya / West Turkana Archaeological Project
Réglage des instruments de mesures dynamiques des expérimentations lithiques.
Ces travaux de recherche ont été réalisés par Michel Brenet (Inrap) en 2013 et 2014 au pôle mixte de recherche archéologique de Campagne (Dordogne, France).
© Mission Préhistorique au Kenya / West Turkana Archaeological Project
Vue générale du poste d’expérimentations lithiques et de leurs enregistrements.
Test réalisés par Michel Brenet (Inrap) dans les locaux du pôle mixte de recherche archéologique de Campagne (Dordogne, France).
© Mission Préhistorique au Kenya / West Turkana Archaeological Project
Tests expérimentaux de taille de roches volcanique sur percuteur dormant et sur enclume réalisés dans les locaux du pôle mixte de recherche archéologique de Campagne (Dordogne, France).
Dans la technique testée ici, Michel Brenet (Inrap) a adopté une position accroupie avec les pieds à plat sur le sol, et revêtu un habit expérimental équipé de capteurs d'intensité musculaire et de boules lumineuses facilitant la prise d'images. L'habit comporte également un gant conçu pour conférer à sa prise certaines caractéristiques.
© Mission Préhistorique au Kenya / West Turkana Archaeological Project
Tests expérimentaux de taille de roches volcanique sur percuteur dormant et sur enclume réalisés dans les locaux du pôle mixte de recherche archéologique de Campagne (Dordogne, France).
Michel Brenet (Inrap) a revêtu un habit expérimental équipé de capteurs d'intensité musculaire et de boules lumineuses facilitant la prise d'images. L'habit comporte également un gant conçu pour conférer à sa prise certaines caractéristiques.
© Mission Préhistorique au Kenya / West Turkana Archaeological Project
Les pièces archéologiques (A et B) ont été découvertes dans le site de Lomekwi 3, dans le Turkana (Kenya).
Les pièces expérimentales (C et D) ont été réalisées dans les locaux du pôle mixte de recherche archéologique de Campagne (Dordogne, France).
© Mission Préhistorique au Kenya / West Turkana Archaeological Project
Références
Bibliographie
HARMAND (Sonia), LEWIS (Jason E.), FEIBEL (Craig S.) et al. — 3.3-million-year-old stone tools from Lomekwi 3, West Turkana, Kenya. Nature [En ligne]. Volume 521, 2015, p. 310–315. DOI:10.1038/nature14464
Sitographie